Rematch, la série sur les échecs d’Arte

Avec « Rematch », Yan England se penche sur le match retour entre Garry Kasparov, qui a propulsé les échecs à un niveau de fascination et de popularité inédit, et Deep Blue, l’une des premières intelligences artificielles. Un duel fondateur entre l’humain et la machine, dont les répercussions se font encore sentir.

Rematch sur Arte.tvLes échecs au cinéma

La série a été réalisée par le Canadien Yan England, avec Christian Cooke dans le rôle-titre. Le réalisateur a estimé, en recevant son prix lors de la cérémonie de clôture à Lille, que la victoire de Deep Blue avait été “un tournant dans l’histoire de l’humanité”.

Ce pionnier ouvre la voie vers un dispositif électronique capable de rivaliser avec l’intelligence humaine. Les premiers ordinateurs ont connu peu ou prou jusqu’en 1997 des résultats pour le moins décevants, car, au lieu d’imiter la pensée humaine qui raisonne par concepts, ou par idées, ils tentaient d’utiliser la force brute qui consiste à calculer toutes les variantes possibles. Une tâche aussi idiote qu’impossible (même pour les processeurs actuels), puisque le nombre total de combinaisons du roi…

1996 : Kasparov, génie des échecs, bat sans grande difficulté un premier superordinateur. Un an plus tard, c’est le match retour : le nouvel ordinateur est autrement plus affûté, IBM y a consacré des ressources colossales en technologie, en dollar et en ressources humaines. Il ne s’agit pas que de science : le cours de bourse de l’entreprise monte ou baisse au gré des parties entre l’homme et la machine.

Le dernier rempart de l’humanité

Pas besoin de savoir jouer aux échecs pour regarder cette série qui raconte un combat titanesque entre une intelligence humaine et ce qu’on appellerait aujourd’hui une intelligence artificielle. Quand Kasparov peut anticiper 100 coups sur l’échiquier, la machine, elle, en analyse 200 millions. Mais la force brute de l’ordinateur ne suffit pas à laminer Kasparov, qui parvient à l’étouffer, voire à la faire bugger. À l’inverse, la machine joue des coups déroutants : s’agit-il d’erreurs ? Ou d’un autre monde où un ordinateur peut s’affranchir de son code pour jouer comme un être humain ?

Christian Cooke (That Dirty Black Bag, Point Blank) est vraiment surprenant sous les traits de Kasparov

Echecs : Christian Cooke (That Dirty Black Bag, Point Blank) est vraiment surprenant sous les traits de Kasparov.

Garry Kasparov a gagné. Son échec lors du match retour face à Deep Blue est accessoire. Il l’a même aidé à conforter sa légende : celle d’un dieu déchu. Celle d’un humain, seul, battu par l’alliance d’un géant de la technologie (IBM), d’une myriade d’ingénieurs et de grands maîtres d’échecs. Le dernier espoir de l’humanité a perdu son combat, mais son nom est entré dans l’histoire.

Les échecs ne se sont d’ailleurs jamais remis de cet événement, tant l’engouement pour la discipline s’est dilué par la suite. La bascule a eu lieu le dimanche 4 mai 1997. Des spectateurs et des journalistes du monde entier affluent à l’Equitable Center, un gratte-ciel à New York. Le match retour entre le maître incontesté des échecs, alors au firmament de sa renommée, et l’intelligence artificielle conçue par IBM est un événement planétaire.

La première manche, en 1996, a été synonyme de triomphe pour le joueur d’échecs russe, la seconde s’est révélée plus difficile. C’est à cet affrontement, sans précédent ni suite, que s’intéresse « Rematch », mini-série imaginée par Yan England, André Gulluni et Bruno Nahon. Le récit d’un homme propulsé en défenseur d’une humanité pour laquelle il n’a que peu de compassion.

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