La championne de France d’échecs Mitra Hejazipour explique pourquoi elle a défié les mollahs iraniens

Mitra Hejazipour, prodige des échecs, s’est réfugiée en France après s’être opposée au régime iranien en refusant de porter le hijab lors des championnats du monde de blitz en 2019, à Moscou.

Mitra Hejazipour, prodige des échecs

Cette décision courageuse a été suivie d’une période difficile, loin de sa famille restée en Iran. En mars 2023, elle a enfin été naturalisée française et, dans la foulée, a remporté, à 30 ans, pour sa première participation, le titre de championne de France d’échecs. À Bastia, dans le cadre du Corsica Circuit, elle confie ses ambitions.

Vous avez été couronnée championne de France d’échecs en août dernier. Que représente cette victoire pour vous ?

Cette victoire est très importante pour moi. Elle a changé ma vie. Quand en 2019, lors du championnat du monde à Moscou, j’ai refusé de porter le voile, j’ai été exclue à vie de l’équipe nationale iranienne et j’ai quitté mon pays pour la France. En 2023, j’ai obtenu la nationalité française, ce qui m’a permis de recommencer ma carrière ici. Quelques mois plus tard, fin aout, j’ai remporté le titre de championne de France d’échecs. Très jeune, à l’âge de six ans, j’ai appris à jouer aux échecs mais après mon expulsion de l’équipe iranienne, je pensais que ma carrière était terminée. Cette victoire m’a redonné espoir et permis de continuer ma passion.

Mitra Hejazipour, prodige des échecs

Comment auriez-vous réagi si vous aviez dû renoncer définitivement aux échecs ?

Quand j’ai été exclue de l’équipe de l’Iran, j’ai repris mes études en informatique dans mon pays et obtenu un master en 2023. J’ai également étudié le management du sport. Toutefois, les échecs ont toujours été une grande passion pour moi, et l’idée de devoir y renoncer définitivement aurait été très difficile à accepter. C’est pour cette raison que j’ai quitte l’Iran. Vivre la-bas est très difficile, surtout pour les femmes. Il y a beaucoup de contraintes et nous n’avons pas la liberté d’expression. La société impose de nombreuses restrictions et il est difficile de vivre librement.

Quels obstacles avez-vous dû surmonter en quittant l’Iran pour poursuivre votre carrière ?

Le premier obstacle a été la langue. Apprendre le français a été crucial pour m’intégrer. La langue française est compliquée, mais c’était essentiel pour moi. J’ai également reçu beaucoup de soutien, notamment de la part du club d’échecs de Brest et de la fédération française qui m’a très bien accueillie. Devenir championne de France et être invitée à rejoindre l’équipe nationale a été une grande reconnaissance. Ils ont facilité mon intégration et m’ont permis de jouer sans contraintes. C’était un soutien précieux.

Pensez-vous que votre notoriété en tant que symbole de liberté envoie un message aux autorités iraniennes ?

Oui, en refusant de porter le voile et en quittant l’Iran, j’ai voulu montrer mon opposition aux lois répressives. Mon geste était un message clair contre le régime iranien. Je souhaite aussi encourager les femmes iraniennes à soutenir le mouvement pour la liberté et le changement.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes filles qui aiment les échecs ?

Les échecs ont changé ma vie. Ils m’ont permis de voyager, de rencontrer beaucoup de gens et m’ont donné une vision unique. C’est un jeu fascinant et très bénéfique. Si elles en ont l’occasion, je les encourage à commencer à jouer.

Quels sont vos prochains objectifs dans votre carrière ?

J’aimerais devenir championne d’Europe et ensuite pourquoi pas championne du monde. Ce sont mes principaux objectifs.

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