Étudiant à Polytech, le jeune joueur blésois de l’Association amicale de la jeunesse blésoise (AAJB) consacre son temps libre à une passion sans partage pour les échecs. Rencontre.
Aloïs Aulagnet réussit sa vie grâce aux échecs – Photo © Jérôme Dutac
Échecs et maths. Entré à Polytech de Tours à 17 piges après avoir obtenu son bac mention bien avec un an d’avance, Aloïs Aulagnet est en réussite scolaire. Mais ce sont les échecs qui font la force de ce jeune homme blésois affable et rêveur. Tout a commencé quand le Père Noël a posé sous le sapin un échiquier électronique.
Le petit Aloïs a vite fait le tour de cet adversaire virtuel. Mais il est devenu fou de ce jeu ancestral. « Plus je jouais, plus j’étais heureux de jouer. Je me suis rendu compte qu’il y avait une limite de niveau en soi. On m’a alors parlé de l’AAJB. »
Bien vite, il pousse avec papa les portes du club d’échecs de Blois. « On a commencé à même temps en 2017 mais mon père a vite été dépassé », persifle le fils prodige qui a découvert un monde merveilleux, un monde à part. « Les joueurs d’échecs sont des gens incroyables. Ma famille dit tout le temps que nous sommes tous les mêmes. C’est vrai qu’il y a quelque chose de spécial qui nous lie. C’est à la fois un partage permanent de connaissances et une communion. Quand on reste cinq heures face à face sans rien dire lors d’une partie, on devient forcément ami à la fin. »
« Physiquement et mentalement c’est très exigeant »
Les premiers échecs n’ont pas entamé son enthousiasme. « J’ai fini avant-dernier de la première compétition que j’ai disputée quand j’avais douze ans. On m’avait annoncé à l’avance que je serais dernier et au final j’étais fier de ma défaite, de mon avant-dernière place. » Depuis la compétition le porte. « Les tournois sont comme des rendez-vous annuels. Je cale tout mon planning pour ces moments-là. » Des moments forts. « Avoine (Indre-et-Loire) c’est plus d’une semaine d’été : on prend une chambre d’hôtel, on reste jour et nuit à bosser. Physiquement et mentalement c’est très exigeant. On dort énormément après les compétitions. »
« Les échecs me rendent heureux »
Le joueur d’échecs travaille la théorie tout au long de l’année. « Les grands de l’histoire ont écrit des livres considérés comme des semi-bibles que l’on consulte en permanence. Je m’appuie aussi sur les parties des grands joueurs comme Bobby Fischer, aujourd’hui disparu, ou Magnus Carlsen le numéro un actuel. Kasparov et Karpov c’est beaucoup moins mon style. »
Les échecs occupent la vie d’Aloïs. « À part mes études supérieures qui sont assez prenantes et un peu les jeux en ligne, j’occupe le reste de mon temps aux échecs. C’est une discipline enrichissante. Il n’y a pas un jour où je ne rencontre pas un joueur. »
À Tours pour ouvrir l’année 2024, Aloïs Aulagnet a réalisé une sacrée performance. « C’est un gros tournoi que nous avons disputé avec six autres Blésois. Le niveau moyen des 140 participants était beaucoup plus élevé que le mien. Je n’ai pas perdu lors des cinq premiers matchs avant de tomber sur le maître Fide poitevin Julien Saada. Au total, j’ai terminé dans la première partie du classement. »
Avec l’équipe l’AAJ Blois, Aloïs n’est pas un pion
Avec ses camarades de l’AAJB, il n’est pas un pion. Aloïs cultive sa passion personnelle de manière collective. « L’équipe évolue en nationale 3… On passe de très bons moments ensemble. »
Aloïs Aulagnet n’en a pas fini avec les échecs. « Ma soif d’apprentissage est sans fin. J’ai un style agressif, je veux toujours gagner. Mais je fais tout le temps égalité. »
Quand il pose son regard sur l’échiquier, son regard vif s’éclaire. « Le jeu est divisé en trois parties : l’ouverture, le milieu, la finale. L’ouverture c’est du par cœur. Après le milieu de jeu, c’est là où il y a une part d’inconnue ; là où la créativité fait la différence. On peut percer l’adversaire ou perdre d’un coup. C’est beau. Enfin la finale, quand il ne reste plus rien sur l’échiquier, demande beaucoup de méticulosité. C’est la partie la plus dure pour moi. »
On se demande quelle aurait été la vie d’Aloïs sans les échecs. « Quand je ne joue pas, après un gros tournoi par exemple, je suis dépité. Comme en sevrage. Ce jeu me rend heureux. Tout tourne autour de ça. C’est en jouant aux échecs que je découvre d’autres gens, d’autres passions. Je n’imagine pas mon existence sans. »
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