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Spectacles, conférences, tables rondes, expositions. La 8e édition a mis en lumière le jeu d’échecs dans l’oeuvre de l’écrivain Julien Gracq.
Les bénévoles étaient encore une fois sur le pont pour offrir un riche week-end les 3 et 4 octobre 2015 aux Rencontres Julien Gracq de St-Florent-le-Vieil.
Les 8e Rencontres Julien Gracq, qui viennent de se dérouler à Saint-Florent-le-Vieil, Maine et Loire, le premier week-end d’octobre, comportaient, avec le concours du Cercle de Cholet, une séquence consacrée aux échecs. Pourquoi ? Parce que Julien Gracq (décédé en 2007) n’était pas seulement un grand écrivain, mais aussi un passionné d’échecs. Un jeu découvert et pratiqué très tôt (dès ses 13-14 ans au lycée de Nantes, où il avait fabriqué lui-même son échiquier !) puis tout au long de sa vie. « Plus encore que joueur », Gracq, intéressé surtout par la stratégie mise en œuvre sur l’échiquier, était, de son propre aveu, « un lecteur de parties ».
Il avait acquis au fil des ans – en français, en anglais et en russe – toute une bibliothèque de livres traitant des échecs et écrits par les plus grands joueurs, inaugurée avec les ouvrages de Philidor, Reti et Nimzovitch… Il a rencontré quelques-uns des plus grands : Steiner-Lagos à Budapest dès 1931, puis Znosko-Borovsky, rendu célèbre pour avoir vaincu Capablanca, qu’il avait invité à Quimper où, jeune professeur, il animait le cercle d’échecs. Il a fait une partie d’échecs par correspondance avec le peintre surréaliste belge Magritte et échangé aussi sur le grand jeu avec un autre grand artiste surréaliste, Marcel Duchamp, passionné comme lui par les échecs et joueur de très haut niveau.
Comme ce dernier, Gracq prétendait séparer ses activités littéraires et sa pratique des échecs. Mais on peut s’étonner de cette affirmation car il a consacré de belles pages au jeu d’échecs dans plusieurs de ses livres, notamment dans les Carnets du grand chemin où il brosse, entres figures historiques de l’univers des échecs, un étonnant portrait de Deschapelles, et dans Un beau ténébreux, le jeu d’échecs se trouve placé emblématiquement au cœur même de la relation entre les principaux protagonistes de ce roman. Ce qu’a rappelé, lors de cette matinée qui se déroulait, dans la Maison Julien Gracq, sur les lieux mêmes où a vécu l’écrivain Jacques Boislève qui avait proposé cette animation. Michel Caillard a ensuite rappelé que Gracq avait fait sienne en la reformulant la tactique de Nimzovitch : « Ne jamais renforcer les points faibles. Toujours renforcer les points forts. » et évoqué plusieurs des grands joueurs d’échecs cités par Gracq : Steinitz, Morphy, Lasker, Alekhine, Tchigorine…
Puis, Pascal Gerfault et Bernard Kneib, respectivement président et membre du Cercle d’échecs de Cholet, ont rejoué sur l’échiquier, devant un public particulièrement intéressé par cette présentation, deux parties jouées par Julien Gracq dans sa jeunesse avec sa sœur ainée Suzanne et qu’il avait lui-même annotées.
En clôture de cette animation, la courte lettre de Julien Gracq reçue par Bernard Kneib, déclinant l’invitation qu’il lui avait faite de venir au Cercle d’échecs de Cholet en raison de son âge, a été lue. L’écrivain, se présentant comme un joueur modeste, confirmait néanmoins que son goût pour les échecs – surtout comme lecteur de parties – l’avait accompagné toute sa vie. Il rappelait dans cette correspondance que, dès les années 20 du siècle dernier, la Fédération Française des Échecs l’avait invité à faire des émules dans l’Ouest. Ce qu’il s’employa à faire dès son arrivée à Quimper.
Texte Jacques Boislève. Photo Michel Caillard.
Pour en savoir plus : l’héritage dispersé de Julien Gracq