Jawhar a 16 ans. Il est lycéen, Dammarie-lès-Lys, en Seine-et-Marne. Son récit a été élaboré avec les journalistes de la Zone d’expression prioritaire (Zep), lors d’ateliers d’écriture avec des jeunes.
« Je suis vraiment fier de battre mon père aujourd’hui. Il était comme le monstre que je ne pouvais pas vaincre. » – Photo Getty Images
La Zone d’expression prioritaire (Zep) élabore ces récits avec des jeunes de 14 à 30 ans, lors d’ateliers d’écriture encadrés par des journalistes. Ces témoignages sont ensuite publiés par des médias.
« Je me souviens de la fois où mon père m’a acheté un plateau d’échecs. C’était pour mon sixième anniversaire. J’étais vraiment très content. C’était la première fois que je voyais ce jeu et je voulais l’essayer. Je trouvais qu’il n’était pas comme les autres. Il était spécial : élégant et bizarre en même temps.
J’ai joué contre mon père plusieurs fois. Presque tous les jours. Je perdais tout le temps. Dans ces moments-là, j’avais la rage. Il était tellement fort qu’il me disait : Tu peux prendre la reine si tu veux. Vous ne pouvez pas savoir comment il m’énervait quand il disait ça.
J’ai décidé de trouver une solution pour le battre
J’ai un oncle qui joue mieux aux échecs que mon père. Alors je lui ai demandé de m’apprendre. Il m’a appris les règles, les ouvertures, l’analyse… En fait, c’est facile d’apprendre à jouer aux échecs, mais c’est très dur de bien maîtriser les stratégies. Après des années – trois ou quatre, je pense – mon père ne pouvait plus me battre. Je pense qu’il était content de voir que je progressais. »
« Je me souviens de la fois où mon père m’a acheté un plateau d’échecs. C’était pour mon sixième anniversaire. J’étais vraiment très content. C’était la première fois que je voyais ce jeu et je voulais l’essayer. Je trouvais qu’il n’était pas comme les autres. Il était spécial : élégant et bizarre en même temps.
J’ai joué contre mon père plusieurs fois. Presque tous les jours. Je perdais tout le temps. Dans ces moments-là, j’avais la rage. Il était tellement fort qu’il me disait : Tu peux prendre la reine si tu veux. Vous ne pouvez pas savoir comment il m’énervait quand il disait ça.
J’ai décidé de trouver une solution pour le battre. J’ai un oncle qui joue mieux aux échecs que mon père. Alors je lui ai demandé de m’apprendre. Il m’a appris les règles, les ouvertures, l’analyse… En fait, c’est facile d’apprendre à jouer aux échecs, mais c’est très dur de bien maîtriser les stratégies. Après des années – trois ou quatre, je pense – mon père ne pouvait plus me battre. Je pense qu’il était content de voir que je progressais. »
« On a besoin de s’entraîner presque tous les jours »
« Encore aujourd’hui, j’aime les échecs. Je veux continuer de m’améliorer, donc je joue en ligne. Aux échecs, on a besoin de s’entraîner presque tous les jours. Je joue sur le site chess.com. C’est le meilleur pour affronter d’autres joueurs. Le niveau et la concurrence y sont énormes. Si je veux m’entraîner avec des robots ou apprendre une nouvelle ouverture, je préfère lichess.org.
Il y a différents types de partie, comme la classique qui dure une heure et demie, et où après 40 coups tu ajoutes une heure. Il y a aussi la rapide, qui dure dix minutes et qui est parfaite pour moi, car elle me laisse le temps de réfléchir. Sans oublier la partie blitz, qui dure cinq minutes, et le bullet, qui dure une minute. Mais ça, il faut devenir trop fort pour y jouer.
J’espère devenir Grand Master (grand maître) comme le roi Magnus et Alireza Firouzja… Eux franchement ce sont des robots, tellement ils sont forts. Et plus spécialement Magnus Carlsen, le n° 1 mondial. Je regarde des matchs officiels sur YouTube, mais pas en direct. Je préfère les regarder en différé avec l’analyse. Je suis aussi plusieurs youtubeurs qui commentent des parties : AKRAMe4e5, Julien Song et GothamChess. »
« Il n’y a pas deux sports comme les échecs »
« Je pense qu’il n’y a pas deux sports comme les échecs. Quand on y joue, on a besoin de beaucoup réfléchir. C’est un sport où l’on n’a pas besoin d’effort physique, mais où au contraire, on a besoin de concentration et de force mentale. Quand on fait un effort mental, c’est la même chose que quand on fait un effort physique. Par exemple, je ne peux pas faire plus de cinq matchs en partie rapide. Sinon, j’ai vraiment mal à la tête.
Aussi, les échecs ne sont pas comme les sports collectifs, où les différents joueurs font progresser une même équipe. Puisqu’il s’agit d’un sport individuel, chacun a besoin de s’entraîner et d’améliorer son jeu. »
« Il y a beaucoup de jeunes qui y jouent »
« Au début, je pensais que les échecs étaient pour les plus âgés, mais plus maintenant. Il y a beaucoup de jeunes qui y jouent. Récemment, lors du tournoi du lycée, j’ai joué deux matchs. Le premier contre un garçon dont le rang est de 2 000 elo [nom du système qui mesure la force relative d’un joueur par rapport aux autres, selon le site chess.com , ndlr] en partie rapide sur chess.com. C’est un très bon rang : le plus haut classé en blitz est Carlsen, qui a plus de 3 000 elo. Bien sûr, j’ai perdu. Mais j’ai gagné le deuxième match facilement.
Franchement, quand je perds, je me sens bien. Si je ne perds pas, je vais rester au même niveau et je ne vais pas progresser. Après, je ne vais pas vous mentir, je suis vraiment fier de battre mon père aujourd’hui. Il était comme le monstre que je ne pouvais pas vaincre. Je lui suis vraiment reconnaissant d’avoir acheté ce plateau d’échecs. »
L’article complet est à retrouver sur Ouest-France