Joueuse d’échecs transgenre, Yosha Iglesias est devenue au fil des mois la porte-parole de la cause transgenre dans sa discipline. Celle qui est également maître Fide et entraîneure professionnelle depuis 15 ans revient sur l’exclusion des joueuses trans des compétitions féminines, décidée par la fédération internationale en août dernier.
Yosha Iglesias, ici en juillet dernier, est la principale porte-parole de la cause transgenre dans le milieu des échecs – Photo © Maria Emelianova
Yosha Iglesias est la principale porte-parole de la cause transgenre dans le monde des échecs. Transitionnée en 2021, elle est à l’origine d’une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux et signée par 14 joueuses françaises, en août dernier, qui dénonçaient les violences sexistes et sexuelles ayant cours dans le milieu. Quelques jours plus tard, le 14 août, la Fédération internationale des échecs (Fide) publiait un communiqué afin d’annoncer l’exclusion des femmes transgenres des compétitions internationales.
Si la joueuse de 35 ans préfère voir « une coïncidence » dans le timing choisi par l’instance, cela ne l’empêche pas de s’inquiéter pour la situation des joueuses transgenres dans les mois et années à venir.
« Quand j’ai pris connaissance de cette mesure de la Fide, j’étais complètement sidérée. Quelques mois auparavant, voir un tel règlement promulgué ne me semblait pas possible. Bien sûr, nous sommes à un moment où chaque fédération est encouragée à se positionner sur la question transgenre en vue des Jeux olympiques. Parfois selon des motifs plus idéologiques que sportifs, d’ailleurs. Mais je pensais que dans une discipline dite cérébrale comme les échecs, il n’y avait aucun risque. Je me suis trompée.
En plus, la publication de la Fide a été faite de manière très discrète. Trois jours avant les championnats de France. Sur le coup, j’ai même eu peur d’être empêchée de jouer. Mais cela ne concerne que les compétitions parrainées par la Fédération internationale.
Même parmi les plus conservateurs en Occident, l’exclusion des joueuses trans était vraiment une position difficile à défendre— Yosha Iglesias.
Est-ce qu’il y a un lien entre cette mesure et la lettre ouverte ? Je pèche peut-être par naïveté mais je pense que c’est une coïncidence. En revanche, certains dirigeants de la Fide, comme Nigel Short (vice-président), n’ont pas hésité à dire qu’il n’y avait aucun problème de misogynie dans les échecs. Selon lui, le seul danger pour les femmes, ce sont donc les joueuses transgenres. Et je caricature à peine ses propos. En revanche, là où il n’y a aucune coïncidence, c’est dans la direction idéologique prise par la Fide et le timing avec le vote et la mise en application d’une des pires lois anti-trans au monde en Russie (le 14 juillet, une loi russe a interdit la transition de genre).
L’intégralité de cet article est à retrouver sur Ouest-France sous la plume de Didrick Pomelle.