Dans le monde des échecs, certains joueurs peuvent brûler plusieurs milliers de calories en un jour, tout en restant assis. Le cerveau, par le biais d’intenses réflexions, peut-il être responsable de cette incroyable consommation d’énergie ?
Notre cerveau est une machine complexe, très gourmande en énergie. Lorsque notre corps est au repos, cet organe utilise à lui seul 20% de l’énergie totale du corps. C’est ce “ronronnement constant du moteur” qui nous permet de respirer, de digérer ou de nous maintenir au chaud, par exemple. Ces opérations quotidiennes brûlent environ 350 calories par jour chez les femmes, et environ 450 calories chez les hommes.
Anna Dornbusch, une jeune joueuse d’échecs – Photo © Échecs & Stratégie
«Une très grande partie de l’énergie transportée par notre cerveau est en réalité consacrée à la communication entre les neurones, à travers des structures cellulaires appelées synapses, explique Arianna Harrington, de l’Université Duke. Cela implique beaucoup de transport d’ions à travers les membranes, ce qui est considéré comme l’un des processus les plus coûteux du cerveau».
Notre cerveau consomme beaucoup d’essence donc, mais si on “force” un peu sur la machine, peut-on le faire consommer davantage ? Autrement dit, en réfléchissant intensément, peut-on brûler encore plus de calories ?
Techniquement, oui
C’est possible, mais uniquement lorsque nous effectuons des tâches cognitives très complexes, comme apprendre à jouer d’un nouvel instrument, ou planifier des coups à l’avance lors d’une partie d’échecs.
« Lorsque vous vous entraînez pour apprendre quelque chose de nouveau, votre cerveau s’adapte pour augmenter le transfert d’énergie dans les régions du cerveau activées par l’entraînement, explique Claude Messier, de l’Université d’Ottawa au Canada. Au fil du temps, au fur et à mesure que nous devenons plus habiles pour exécuter une tâche particulière, le cerveau n’a plus à travailler aussi fort pour l’accomplir. Cette tâche nécessitera donc moins d’énergie ».
Des effets très minimes
Donc, si vous ressentez le besoin de prendre un petit en-cas lorsque vous réfléchissez intensément, votre cerveau vous en remerciera. Mais ne comptez pas sur lui pour brûler toutes ces calories. En effet, l’énergie nécessaire pour “réfléchir intensément” est en réalité minuscule comparée à celle nécessaire pour vous maintenir en vie.
« Nous n’avons pas réellement conscience de tout ce qui se passe dans notre corps », poursuit en effet le chercheur. En réalité, la majorité des processus qui puisent dans l’énergie du cerveau se trouvent « sous le capot ».
«Notre cerveau est effectivement capable de transférer du sang [et donc de l’énergie] vers des régions particulières actives lorsque nous effectuons des tâches cognitive complexes. Mais la disponibilité globale de l’énergie dans le cerveau reste à peu près constante.» Autrement dit, réfléchir intensément ne fera pas une grande différence d’un point de vue énergétique.
Pour en revenir aux joueurs d’échecs donc, ce n’est certainement pas leur incroyable capacité de réflexion qui permet de brûler autant de calories. En revanche, ces personnes sont généralement soumises à un stress intense dans les jours précédents les compétitions. Le rythme cardiaque s’accélère, et les habitudes alimentaires sont souvent perturbées. Ceci explique davantage la perte de poids.
Pour en savoir plus : L’article de Brice Louvet sur Science Post