RENCONTRES SUR LE THÈME DE LA MÉDECINE ET DES ÉCHECS
Retour sur le bilan très satisfaisant dressé par Damien Mascret du Figaro Santé, partenaire de l’opération.
C’était une première au royaume de la recherche et de la prise en charge des maladies génétiques rares.
Durant trois jours, du 23 au 25 juin 2016, l’institut Imagine à Paris, accueillait les premières rencontres «Health & Chess», avec des passionnés d’échecs, des familles de patients, des neurologues, des psychiatres, et des grands-maîtres.
A l’origine de cet événement, la conviction que ce jeu, qui demande concentration, mémoire, réflexion, stratégie et créativité, participe grandement au développement et au maintien des facultés cérébrales.
L’institut Imagine, inauguré à Paris en 2014 – Photo © Radio France
De nombreuses pistes ont été ouvertes lors des premières rencontres «Health & Chess» à Paris.
Sur son lit d’hôpital, le maître des échecs Xavier Parmentier, ex-entraîneur de l’équipe de France espoir d’échecs âgé de 52 ans, donnait encore des cours par Skype, quelques jours avant son décès le 30 avril 2016. «Ce qui est formidable avec les échecs, c’est que pendant que vous jouez vous oubliez la maladie», explique le Docteur Alexandre Alcaïs, chercheur en génétique humaine (université Paris Descartes), lors des premières rencontres «Health & Chess», à l’Institut Imagine, à Paris
Un bénéfice qui va bien au-delà de la distraction. «Cela vous oblige à vous projeter dans l’avenir de façon concrète, en vous fixant des objectifs et en mettant en œuvre des stratégies pour les atteindre. C’est utile quand on lutte contre la maladie », ajoute le Docteur Alcaïs.
L’étude du cerveau des grands maîtres d’échecs par le Professeur Francis Brunelle, Chef du service de radiologie pédiatrique à l’Hôpital Necker – Photo © Chess & Strategy
«Quand un joueur joue, explique l’ancien patron du service de radiologie de Necker, le Professeur Francis Brunelle, le réseau cérébral est focalisé sur une tâche précise.» Une capacité de concentration indispensable au plus haut niveau. «Quand je joue, je ne vois que l’échiquier», confirme le sextuple champion du monde, Anatoli Karpov, présent à cette première rencontre.
Mais d’autres processus cérébraux sont activés: perception visuo-spatiale, mémoire de travail, prise de décision. Bref, un exercice mental particulièrement exigeant, quel que soit le niveau auquel on joue.
«Aux échecs, les positions possibles sont incalculables, explique Jean-Claude Moingt, 8 fois champion de France par équipes, à un moment donné vous entrez forcément dans l’inconnu.»
Stimulation cérébrale garantie. «C’est justement l’activation des réseaux cognitifs qui permet leur survie, assure le Professeur Brunelle. Les échecs pourraient probablement devenir un outil de rééducation après un accident vasculaire cérébral au même titre que la musicothérapie.»
Pas de malade d’Alzheimer parmi les grands maîtres
Même perspective d’une action bénéfique pour retarder, sinon éviter, le déclin cognitif lié à l’âge. «Je ne connais pas de grands maîtres qui ont eu la maladie d’Alzheimer!», remarque le président de la Fédération française des échecs. Toutefois, les études scientifiques manquent encore pour confirmer cette intuition. Étonnant pour un jeu dont les bases sont vieilles de plusieurs milliers d’années!
Comme si les deux univers – échecs et santé – ne se côtoyaient que le temps d’examiner le cerveau des grands maîtres à grand renfort d’IRM fonctionnelles ou autres Pet-scan. «Le temps de réponse de l’aire visuelle est beaucoup plus rapide chez un grand maître que chez un novice», remarque notamment le Professeur Brunelle.
Le physique va avec le mental
La condition physique compte aussi. «C’est sans doute pour cela que les champions du monde ont désormais moins de 30 ans», souligne Franck Droin, joueur d’échecs passionné, à l’initiative des rencontres.
«Mais c’est un sport que tout le monde peut faire, quel que soit son âge ou son état de santé». «Et c’est aussi très utile pour apprendre aux enfants à se concentrer», glisse le triple champion du monde senior, Anatoli Vaïsser.
Franck Droin, l’un des deux fondateurs de Keyrus, acteur international du conseil et des technologies, spécialiste de la Data et du Digital.
Le champion du monde d’échecs en catégorie vétéran est Français !
« Les ponts évidents qui existent entre la santé et ce jeu, la démarche intellectuelle qu’il demande, peuvent amener à le considérer comme un outil thérapeutique », estiment les spécialistes, qui reçevait pour l’occasion le grand champion d’échecs russe Anatoli Karpov qui participait aux tables rondes d’experts ainsi qu’à une partie simultanée.
Un autre joueur de renommée mondiale, le grand-maître international français Anatoli Vaïsser (photo ci-contre), invitait les participants à se mesurer à lui lors d’une partie à l’aveugle. Enfin, les enfants n’ont pas été oubliés… Quel meilleur jeu pour rassembler les générations que celui des échecs ?
Exemples des tables rondes
“Mettre la maladie en échec”: comment jouer aide à guérir… et vice-versa.” avec Alexandre Alcaïs, Directeur de recherche en génétique humaine des maladies infectieuses, Anatoli Vaisser, triple Champion du Monde Sénior et Jean-Claude Moingt, ancien président de la Fédération Française des Echecs.
“Autisme, Imagerie cérébrale et jeux d’échecs” : le Professeur Francis Brunelle, Chef du service de radiologie pédiatrique à l’Hôpital Necker et Elizabeth Rossé, Psychologue.
L’événement était organisé avec le soutien du Figaro Santé et de la FFE. Pour y assister, il suffisait de s’inscrire sur le site de Kaissa
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