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Quelle est sa plus belle partie d’échecs ? Magnus Carlsen à 13 ans à l’Open Aeroflot de Moscou réalise un gain en 19 coups face à Dolmatov.
Alors que le prodige norvégien des échecs, Magnus Carlsen, réalise performance sur performance Elo dans tous les tournois de haut-vol de la planète noire et blanche, les éditions Olibris ont la bonne idée de traduire en Français un ouvrage sur cet étonnant champion venu du froid.
Pardon – Johnny Hallyday
Une passion tardive Si Kasparov a commencé les échecs dès l’âge de 4 ans, Carlsen a lui attendu ses 8 ans pour être définitivement touché par le virus du noble jeu. Mais depuis, il a dévoré de nombreux livres d’échecs, joué quantité de parties rapides en ligne, profité abondamment de cette corne d’abondance d’information que délivre les bases de données informatiques, et déjà joué plus d’un millier de parties à cadence classique.
Une des plus belles parties d’échecs de Magnus Carlsen
Hôtel Rossija, Tournoi A de l’aeroflot de Moscou 2004. La liste des participants, au niveau très homogène, ne laissait pas espérer de répit. “Petit frère” rata son entrée en piste : à la première ronde, il perdit contre Sulskis en se laissant surprendre par une simple combinaison en zeitnot. Le garçon ne perdit pas courage et aligna une série de 3 victoires, remportées dans un tel style dynamique qu’on ne pouvait plus avoir de doutes sur ses intentions de tenir tête aux disciples de la fameuse école soviétique.
Comme le rapporta le journaliste échiquéen Evgeny Atarov, c’est avec une vénération inavouable que le célèbre entraîneur de Kasparov, Alexandre Nikitine, la feuille de partie Carlsen-Dolmatov en main, prononça ces mots : “c’est la partie d’un génie“. En effet, à ce qu’on se souvienne, personne n’avait triomphé en 19 coups du très expérimenté Sergei Dolmatov.
Le secret de cette victoire tenait dans la qualité de la préparation de Carlsen pour cette rencontre précise. Son répertoire était construit sur 1.e4 et 1.d4 – il jouait son premier coup de n’importe quelle main, comme on dit – mais fit une exception pour Dolmatov en jouant 1.Cf3! La raison en était la suivant : les bases de données échiquéennes contenaient 10 parties dans lesquelles Dolmatov avait joué 1…f5, et c’est là que Magnus cacha une mine, un nouveau plan de jeu dans une variante apparemment tranquille pour les Noirs.
Les événements survenus dans cette partie ont une origine bien antérieure. La position après le 8ème coup blanc était survenue dans la partie Lerner-Bareev du championnat d’URSS de 1986 à Kiev, où jouait également Dolmatov. D’après les souvenirs de Bareev (recueillis par le remarquable journaliste échiquéen Maxim Notkin), il était plutôt mécontent de sa position, lorsqu’elle apparut sur l’échiquier, et, conscient des dangers qui menaçaient les Noirs, il sut trouver l’ordre de coup qui permettait de ne pas pardre (8…c6! 9.Fd3 Fxd3 10.Dxd3 Cf6 11.0-0 Fe7 12.Ce2 d5). Les joueurs de Hollandaise, la vigilance trompée par la solide défense de Bareev qui interdisait le développement du Fou en c4, se mirent à adopter un ordre de coups différent et sans conséquence apparente, ce qui n’échappa pas à Carlsen.
L’ascension d’un prodige Lorsqu’on commence à se pencher sur le phénomène Carlsen et son ascension vertigineuse vers les plus hauts sommets des échecs, le premier réflexe est de chercher à savoir si on peut comparer le prodige norvégien aux génies des échecs du XXe siècle qu’ont été l’Américain Bobby Fischer et le Russe Garry Kasparov. Quels points communs partage-t-il avec ces grands champions ? Tout d’abord, une mémoire phénoménale. Simen Agdestein, son premier entraîneur raconte qu’il pouvait donner le soir un livre d’ouverture au petit Magnus et le voir jouer le lendemain cette ouverture à merveille, comme s’il l’avait toujours jouée. Mais à la différence de Fischer ou Kasparov, il ne se montrait guère enclin à chercher les positions les plus tranchantes dès la sortie de l’ouverture, même s’il pouvait à 15 ans jouer des systèmes complexes comme la variante Sveshnikov ou la variante Botvinnik.
Notre avis : Cette superbe monographie du champion en Français s’adresse à des joueurs de club, des experts ou des maîtres. Soixante-douzes parties de Magnus Carlsen y sont analysées en détail par deux entraîneurs de renom, Adrian Mikhalchisshin et Oleg Stetsko. Un ouvrage indispensable pour comprendre ce nouvel héros de l’ère informatique.
Pour en savoir plus : Notre chronique Livres