La psychologie des échecs
Kazybek Nogerbek a exploité avec talent une gaffe de son adversaire pour gagner le titre de champion du monde junior
Kazybek Nogerbek a exploité avec talent une gaffe de son adversaire pour gagner le titre de champion du monde junior
Le jeu d’échecs, un laboratoire parfait pour la prise de décision Notre sélection de livres/
Les joueurs d’échecs expérimentés et les novices se distinguent par leur découpage visuel de l’échiquier. Un grand maître d’échecs regarde « entre les pièces » selon les travaux d’André Didierjean, de Vincent Ferrari et d’Évelyne Marmèche, du Laboratoire de Psychologie Cognitive de l’Université de Provence, à Aix-en-Provence. Les joueurs d’échecs, d’Honoré Daumier. Il y a un siècle et demi, les maîtres d’échecs utilisaient-ils déjà des « chunks » et des « templates » pour analyser le jeu? Comment un grand maître d’échecs peut-il jouer en simultané de nombreuses parties et les gagner, jouer des parties « en aveugle » sans voir les échiquiers, ou battre des ordinateurs dont la puissance de calcul excède très largement ses capacités cérébrales ? A-t-il une intelligence hors du commun ? Une mémoire surhumaine ? Apparemment non. Récemment, l’imagerie cérébrale a révélé que l’activité cérébrale des spécialistes ne diffère pas notablement de celle des novices….
Le jeu d’échecs nous enseigne la concentration dans une société qui favorise l’inattention, la dispersion, le zapping… délétère selon les psychologues. Immersion totale : la championne d’échecs des Etats-Unis 2018 Nazi Paikidze en pleine concentration, à la recherche du meilleur coup dans sa partie. Apprendre à jouer aux échecs favorise la concentration. Pourquoi importerait-il d’améliorer ses capacités d’attention alors qu’on gagne tant en efficacité quand on se montre capable de répondre à cinq textos, deux conversations simultanées et trois mails pendant une réunion de travail ? « Parce que cela rend heureux », répond Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, auteur de « Tout est là, juste là (Odile Jacob). Le multitâche épuise nos ressources intellectuelles. Le multitâche épuise nos ressources intellectuelles et amoindrit nos performances. Tandis que, lorsqu’on est totalement absorbé dans une tâche, lorsque tout notre attention est orientée sur ce que nous faisons, nous éprouvons une satisfaction beaucoup…
Notre sélection de jeux/livres/
Qu’y a t il de commun entre la démarche de la psychanalyse et l’analyse d’une partie d’échecs, une fois terminée ? Ne pas déranger: Chat en psychanalyse ! Il est frappant de constater combien il est difficile d’analyser soi-même sa partie, le joueur d’échecs tendant toujours à juger ses coups les meilleurs possibles en la situation. L’auto-analyse n’est guère satisfaisante et il faut le secours d’un autre qui remonte avec nous la partie (la vie). L’analyse connaît ses points forts et ses moments où rien ne bouge. L’analyse, sur divan, traque l’inconscient du sujet ; d’une autre manière, c’est ce que prétend faire l’analyse d’échecs qui cherche bien sûr quels sont les coups faibles, mais se soucie plus du « pourquoi le joueur les a commis », ce qui est beaucoup plus difficile. Dans un cas comme dans l’autre, le non-dit doit venir de la parole. Source documentaire : l’excellent livre «…
Sofia Polgar, l’une des célèbres trois soeurs Polgar toutes championnes d’échecs, nous révèle son point de vue sur le sujet. « Pour moi les échecs représentent mon enfance et m’ont apporté des expériences merveilleuses que je n’aurais jamais vécus sans. Les échecs m’ont permis de voyager dans plus de quarante pays, et de rencontrer différentes personnes et cultures, y compris mon mari Yona Kosashvili qui est aussi Grand Maître. Les échecs ont tant à apporter : Pour moi c’est avant tout un sport et un art, mais c’est aussi un sujet d’étude scientifique. Ce jeu développe tout un tas de qualités qui aident dans d’autres activités. Je sens cela dans tout ce que je fais, et je le vois à travers d’autres personnes qui réussissent. Pour cette raison j’ai plaisir à enseigner aux enfants. Il n’est pas important qu’ils deviennent des Champions, mais d’entraîner leur esprit, et ainsi leurs capacité à…
Dans une étude réalisée auprès de 1000 joueurs d’échecs, le professeur de psychologie d’origine hongroise Mihalyi Csikszentmihalyi et son équipe de chercheurs ont découvert qu’un joueur d’échecs retirait plus de plaisir à jouer contre un adversaire légèrement supérieur à lui qu’à vaincre un joueur plus faible. En d’autres mots, le plaisir ne réside pas dans l’objectif (la victoire), mais dans le processus (le jeu et l’effort). Csikszentmihalyi définit dans son livre « Vivre », ce qu’est l’«expérience optimale». C’est l’état atteint lorsque nous sommes complètement concentrés sur ce que nous faisons et que nous en retirons une grande satisfaction, certains diraient du plaisir. On peut atteindre cet état en jouant du piano, en lisant un livre, en jardinant, en travaillant ou en jouant aux échecs. L’important n’est pas tellement le résultat mais le chemin pour y arriver.
(Photo AFP – Clatot) – Cette semaine, le problème proposé par Natalia a pour thème la résistance au jeu d’échecs. Cette thématique peut s’apparenter à la « résilience » dans la vie, concept cher à l’éthologue Boris Cyrulnik. Il faut trouver comment résister dans une position inférieure. Savoir rebondir ou l’art de sublimer ses échecs…à vous de voir !
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