Le hasard fait parfois bien les choses. Il y a un an, en découvrant le chessboxing, ce mélange d’échecs et de boxe tiré des bandes dessinées de science-fiction d’Enki Bilal, Kenza Megzari ne se doutait pas qu’elle intégrerait l’équipe de France un jour… pour y remporter une médaille au championnat du monde. Retour sur une aventure riche en coups du berger et en coups de poing.
Kenza Megzari (à gauche) bloque un coup de poing de l’Indienne Sneha Waykar lors de leur match aux Championnats du monde de chessboxing en Italie.
En 2014, Kenza Megzari, native de Fès, de parents marocains, quitte le royaume pour suivre des études supérieures dans le secteur du numérique. En Bretagne, la jeune femme d’alors 20 ans commence la boxe anglaise. Et puis, son histoire prend un autre tournant. « Quand je suis arrivée sur Paris, j’ai cherché une salle pour continuer. Sur Internet, j’ai vu un lien vers le club de chessboxing. La première séance était gratuite, j’y suis allée. Même si je ne connaissais les échecs que de nom… »
Le coup de foudre est immédiat. « À ce cours, une grande maître, très connue, m’a appris à bouger les pièces. Et puis, la semaine d’après, il y a eu une soirée dédiée au chessboxing au Cabaret sauvage. La partie d’échecs était commentée, du coup je comprenais tout ce qui se passait. » La sportive accroche avec la dimension spectaculaire de ces combats minutieusement rythmés : trois minutes d’échecs, puis trois minutes de boxe, jusqu’au K.-O., ou au mat, dans la limite d’onze rounds maximum. Aujourd’hui, près de 450 personnes pratiqueraient dans l’Hexagone avec l’espoir d’être olympiques un jour.
Semaine après semaine, Kenza Megzari apprend à gérer sa respiration, son mental, à s’aguerrir physiquement. Et puis, la perspective des Mondiaux en Italie en novembre 2023 survient. Comme la discipline n’est pas développée au Maroc, et presque pour remercier le club de la capitale, Kenza Megzari souhaite représenter fièrement la France. Pour cela, elle ajoute des entraînements à son programme et recherche des adversaires de son calibre. « Dans mes précédents clubs, des hommes refusaient de boxer contre moi parce qu’ils disaient que j’étais trop faible. Du coup, je ne savais pas ce que je pouvais encaisser. »
Mais dans son nouveau sport, aussi hybride qu’original, l’ambiance diffère. « Dans mon entourage, on me disait que la boxe n’était pas pour les filles. Ma mère a refusé que je fasse de la compétition. Alors qu’avec le chessboxing, j’ai pu la convaincre. Elle a même regardé mon combat au championnat du monde. Généralement, les gens sont plutôt intrigués. » En Italie, la Marocaine se découvre au plus haut niveau. Dans la catégorie des moins de 55 kg, elles ne sont que trois en lice. En perdant la demi-finale, Kenza Megzari s’est donc octroyé le bronze, avec une seule idée en tête : continuer de progresser pour y retourner.
L’article complet est à retrouver dans l’Humanité sous la plume de Mejdaline Mhiri.