La fureur du Shôgi au Japon (I)

Avant de commencer « le shôgi au Japon » à proprement parler, intéressons-nous un peu aux sources de ce jeu. Les échecs et le shôgi semblent avoir une origine commune : elle se situerait au nord de l’Inde au Vème siècle de notre ère. La forme exacte du jeu est sujet à débat et les deux hypothèses de cette première forme sont :


le jeu originaire de l’Inde

  • La forme Chaturaji, ou jeu des Quatre Rois. On pouvait y jouer à 2 ou à 4 et les joueurs utilisaient des dés afin de décider de la pièce et du nombre de coups que celle-ci pouvait effectuer. Par la suite, en raison d’objections religieuses et légales liées au jet de dés, ces derniers ont été supprimés pour que le jeu devienne purement un jeu de l’esprit. De plus, le nombre de joueurs a été restreint à 2 pour éviter les alliances sur l’échiquier. La théorie qui soutient le chaturaji comme étant la base des échecs (appelée théorie Cox-Forbes) est très controversée.

  • La forme Chaturanga, qui est assez proche de la forme actuelle, est la plus communément acceptée.

La forme qui succède à ces versions est la variante appelée le shatranj et les premières traces de ce jeu semblent mener à la Perse au VI-VIIème siècle. [1] Le shatranj prend alors deux routes différentes mais correspondant toutes deux aux routes commerciales.

le jeu originaire de la Perse

La première l’emmène vers l’ouest où il devient entre le VIIème et XIIème siècles en France, le « viel jeu des esches ». La seconde route part vers l’est ou il devient le shanshi en Chine, le shangi en Corée, et finalement le shôgi au Japon. La première trace des échecs au Japon remonte à 690, période à laquelle l’empereur Jito a interdit ce jeu. Quant au shôgi, les japonais semblent y jouer dès les années 1100. [2] Le shôgi possède donc une très longue tradition au Japon. Sa littérature y est très riche. On peut citer par exemple, le maître Ohashi Shokei (1555-1634) qui donna au jeu ses premières lettres de noblesse et qui composa des problèmes d’une esthétique plus proche de l’art floral (appelé ikebana) que de celui du combat. De nos jours, le shôgi attire un nombre impressionnant de pratiquants. L’Association Japonaise de Shôgi a recensé 10 millions de joueurs en 2006. [3]

Pour conclure, une petite question d’observation. La photo ci-dessous

présente le champ de bataille (appelé shôgi-ban). Regardez bien la photo ! Il y a une différence majeure par rapport à celui utilisé aux échecs. La bonne réponse est : le shôgi-ban possède 9×9 cases. Une explication pourrait être que le passage en Chine a élargi les dimensions initiales du jeu, car les chinois ne placent pas leurs pièces sur des cases mais aux croisements des lignes (comme au jeu de Go).

Références citées :

Alexandre Vasilescu – Notre correspondant Spécial Asie pour Chess & Strategy à Kyoto.

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