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La formule est souvent entendue à la fin d’une partie d’échecs mais également, par extension, pour signifier une défaite en général.
D’où vient cette curieuse locution ? Retour sur l’histoire et l’origine des échecs.
Philippe II d’Espagne, Charles Quint, Napoléon Bonaparte, Ivan IV le Terrible… Il a conquis tous les rois. Par jeu certes, mais aussi et surtout par stratégie. Car celui qui accepte de jouer sa partie se doit de se concentrer pour éviter de perdre la tête et ainsi devenir le maître des «échecs»! Mais d’où vient donc ce terme qui a gagné nos cours et la littérature, jusqu’à nos pellicules avec Bons baisers de Russie (1963) ou encore L’affaire Thomas Crown (1968)? Retour sur son histoire.
Joueurs d’échecs à Washington Square, New York – Photo © Molly Malone Cook, années 50
Une histoire qui loin de débuter parmi les plaisirs châtelains de notre feu royauté, trouve en réalité ses racines à mille lieues de notre belle contrée. En effet, les premières traces de notre jeu d’échecs remonteraient au Ve siècle de notre ère, en Inde. Selon les récits, il serait d’abord né sous le doux nom de «chaturanga», un ancien jeu à quatre rois qui mêlait stratégie et jeu de dés. Populaire, le passe-temps se serait par la suite exporté en Perse, pour donner le «chatrang» ou «shatrang». Mais attention plus de hasard ici! Il ne reste plus que deux rois, appelés «shah», évidemment, en persan.
Précisons pour l’anecdote, ainsi que le consigna Luca Canali dans son livre Jules César à Jésus-Christ, que le mot «shah», tout comme les termes «tsar» et «kaiser», dérive du mot latin Caesar, qui a donné le chef en latin vulgaire.
Voltaire aurait pu se faire «échec et mat»
S’il ne fait aucun doute aujourd’hui, comme l’explique Harrold J.R. Murray dans son livre Une histoire des échecs, que le jeu est issu de l’indo-persan, il ne faut pas oublier que ce sont les Arabes, qui, à la suite de grandes invasions, donnèrent vie aux premières théories du jeu auquel nous jouons aujourd’hui.
Le monde arabe s’appropriera en effet le jeu, en rebaptisant le mot «shah» en «sheykh» pour désigner «les échecs», puis la locution «shah mat» en «sheykh mat» (échec et mat) littéralement«mort du roi» avant de le recodifier.
Aussi plaisant que redoutable, le jeu saura conquérir le cœur des joueurs pour traverser la Méditerranée et enfin rejoindre la France aux environs du XI-XIIe siècles. Le Trésor de la langue française note une première apparition du mot «échec» en 1100 chez Roland et quelques années plus tard, chez Chrétien de Troyes, dans Perceval. Claude Duneton identifiera quant à lui la formule «être mat» dans le Roman de la Rose au XIIIe siècle:
«D’estre mat n’avoient-ils garde puisque sans roi se combattoient»
Et l’auteur la repérera sous la forme «échec et mat» sous la plume de d’Alembert. Voici son récit: «Voltaire jouait aux échecs avec un jésuite qu’il avait invité chez lui, ce qui attira l’inquiétude de son ami d’Alembert: ” Je crains – écrivait-il – que le prêtre ne joue quelque mauvais tour au philosophe et ne finisse par lui damer le pion, et peut-être le faire échec et mat».
Le roi est mort, vive le roi!
Pour en savoir plus : Le Figaro