Les surhommes et les ordinateurs aux échecs

Les ordinateurs aux échecs. Pourquoi les échecs suscitent une passion depuis plusieurs millénaires, et pourquoi Internet et les ordinateurs aux échecs leur sont essentiels. Deux interrogations au cœur de deux essais tout aussi captivants.

1997 fut le point d'orgue de la relation d'amour-haine entre les échecs et le numérique. Garry Kasparov affronte Deep Blue à New York. (Sutcliffe News Features / SIPA)

1997 fut le point d’orgue de la relation d’amour-haine entre les échecs et le numérique, notamment avec les ordinateurs jouant aux échecs. Garry Kasparov affronte Deep Blue à New York. (Sutcliffe News Features / SIPA)

En pleine deuxième vague de Covid-19, Netflix sortait sur Netflix le 23 octobre 2020, la mini-série « Le Jeu de la dame ». Le parcours d’une jeune prodige des échecs a passionné plus de 60 millions de personnes dans le monde. « The Queen’s Gambit » – du nom, en version originale, d’une ouverture très populaire aux échecs – devenait la série originale Netflix la plus regardée de tous les temps. Les ordinateurs ont apporté le reste aux échecs.

La nouvelle révolution des échecs avec les ordinateurs

Confinés, de nombreux novices se découvrent alors une passion pour les échecs, souvent grâce aux ordinateurs. Le nombre de licenciés en France augmentera de 40% en trois ans.

Pour Peter Doggers, auteur de « La nouvelle révolution des échecs », la pandémie et Netflix contribuaient à la plus grande hausse de popularité des échecs depuis le match Fischer-Spassky de 1972, en pleine Guerre froide.

La nouvelle révolution des échecs

Si cet essai sur l’histoire des échecs est aussi passionnant, c’est que son auteur, Peter Doggers, n’est pas seulement un journaliste hollandais.

C’est un joueur d’échecs passionné et de renommée internationale.

Il a assisté à tellement de compétitions et s’est tant documenté que le lecteur a la sensation d’être dans les gradins, avec la foule qui retient son souffle à chaque match historique.

Inutile, d’ailleurs, de connaître des « ouvertures » ni d’avoir joué des dizaines de parties pour apprécier l’ouvrage.

Hommage aux grands maîtres

Un Français sur dix joue occasionnellement ou régulièrement aux échecs. La plateforme Chess.com compte plus de 100 millions d’inscrits. Comment se fait-il qu’un jeu inventé il y a 1 500 ans soit devenu aussi populaire ? Et comment les ordinateurs aux échecs ont contribué à cette popularité ? Les échecs sont nés dans le palais d’une reine indienne, mais les règles modernes ont été standardisées au XVe siècle. Rien ne s’est alors modifié : un plateau, 64 cases, 32 pièces de 6 formes et 2 couleurs.

Au XXe siècle, des hommes aux capacités surhumaines ont fasciné des millions de spectateurs en s’appropriant ce jeu. Peter Doggers a relaté l’apprentissage, la personnalité et le style de jeu de trois immenses joueurs : Bobby Fischer, considéré comme le premier professionnel des échecs ; Garry Kasparov, champion du monde à 22 ans ; Magnus Carlsen, numéro un mondial depuis quatorze ans, qui a propulsé les échecs dans une nouvelle popularité.

Un hommage aux champions d’échecs et aux ordinateurs

« La nouvelle révolution des échecs » est un hommage à ces joueurs, leur talent, leur force de travail, leur intellect, leur patience, leur créativité. C’est aussi une ode à ce jeu de stratégie qui provoque un imaginaire si puissant qu’il est omniprésent dans les arts. Pensez au « Joueur d’échecs » de Stefan Zweig ou à « 2001, l’Odyssée de l’espace », de Stanley Kubrick. L’ordinateur HAL y gagne une partie contre un astronaute. Mat en trois coups pour indiquer la puissance des ordinateurs aux échecs.

L’essayiste passionné se réjouit car ce jeu est une métaphore de la vie, certains pions ont beaucoup de pouvoir, d’autres non. Il s’agit d’une trame narrative, qui nous intrigue par ses retournements de situation. « Une rencontre intellectuelle entre les mathématiques, la psychologie, l’art, le sport et la musique », écrit même l’écrivain.

L’apport primordial d’Internet et des ordinateurs aux échecs

À ces raisons qui expliquent le succès historique du jeu, il est important d’ajouter l’apport primordial d’Internet et les ordinateurs aux échecs. Des joueurs, comme Magnus Carlsen, utilisent des logiciels et des plateformes pour analyser leurs coups et créer de nouvelles stratégies.

L'histoire de l'informatique est donc liée aux échecs. Le spécialiste de l'IA Alexis Gladiline-Bozio le raconte dans « La leçon d'échecs. Une petite histoire de l'IA »

L’histoire de l’informatique est donc liée aux échecs. Le spécialiste de l’IA Alexis Gladiline-Bozio le raconte dans « La leçon d’échecs. Une petite histoire de l’IA » .

Alan Turing a créé le premier logiciel d’échecs pour démontrer la capacité de calcul de ses machines.

Le jeu de stratégie participera ensuite à poser les bases de l’intelligence artificielle.

L’année 1997 fut le point d’orgue de l’amour-haine entre le jeu millénaire et le numérique. 

Garry Kasparov est confronté à Deep Blue à l’Equitable Center de New York. Le match est transmis en direct à la télévision. Dans ce cadre, les ordinateurs aux échecs ont prouvé leur force.

Dans une machine qui calcule 200 millions de positions par seconde, le champion du monde ne fait pas le poids. Il perd et quitte la scène brusquement.

Ce qui a été présenté comme « le baroud d’honneur du cerveau » à l’époque n’a pas changé la passion grandissante du public pour les échecs. Il est donc plus divertissant de regarder jouer deux humains imparfaits qu’une machine. Les échecs attireront les joueurs curieux de découvrir de nouvelles manières de gagner. Ces derniers peuvent continuer longtemps : Alexis Gladiline-Bozio rappelle qu’il existe plus de parties d’échecs différentes possibles – 10 puissance 120 – que d’atomes dans l’univers. Pas mal pour 64 cases et 32 bouts de bois.

L’article des Echos

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