Près de 300 élèves d’écoles et de collèges de Seine-Saint-Denis ont participé le 1er février à un championnat départemental d’échecs. Cet événement s’est tenu au gymnase El Ouafi à La Courneuve. Roque, prise en passant, coup du berger… Les rondes se sont enchaînées à une vitesse folle sur les échiquiers. Coup de projecteur sur cette après-midi stimulante et éducative.
Ma stratégie aux échecs est d’avancer calmement les pions, attendre que mon adversaire fasse une erreur et attaquer, attaquer…
Sébastien, 14 ans, qui vient de mettre sa jeune adversaire échec et mat.
L’adolescent, comme ses camarades Hassna, Davud et Agnès, s’est inscrit au championnat départemental d’échecs par l’intermédiaire de son professeur d’histoire-géographie. Celui-ci a créé un atelier d’échecs au sein du collège Raymond-Poincaré de La Courneuve.
L’organisation du tournoi d’échecs
Après les « appariements » (inscriptions) de la fin de matinée, 286 élèves des classes primaires de 6 à 15 ans se sont affrontés sur 4 rondes de 2 X 12 minutes dans un esprit ludique. Ils étaient soutenus par leur famille, leurs enseignantes d’échecs, les 5 arbitres ou amateurs du « jeu des rois » venus aider les plus jeunes.
Développer le jeu d’échecs dans les écoles
« Cette compétition revêt une grande importance car elle nous permet de mieux faire connaître les échecs dans les écoles », explique Mehdi Bouteghmès, président du club d’échecs de la Courneuve organisateur de cette compétition subventionnée par le Département.
Nous avons l’avantage d’avoir beaucoup de professeurs bénévoles pour faire du sport avec les élèves pendant la pause méridienne ou le temps périscolaire. L’objectif est de convaincre l’administration scolaire des bienfaits des échecs en termes de concentration, de confiance en soi ou de respect des règles et de l’adversaire.
Davud, 14 ans, a commencé à taquiner les pions au CM2 en suivant les conseils d’un enseignant. Attiré par l’infini des combinaisons possibles, il s’inscrit très tôt au club courneuvien. Puis il est suivi depuis des années par le professeur d’échecs Romain Mariller. Ce dernier n’est plus qu’à une centaine de points du grade de « maître d’échecs ».
« Je pratique l’entraînement deux fois par semaine dans mon collège et je fais autant que possible pour Génération Miracle. « J’ai la chance de recevoir régulièrement le maître international Abdelaziz Onkoud qui nous donne des conseils et nous incite à analyser les parties… » annonce le collégien, qui déclare avoir des résultats encore meilleurs en mathématiques ou en technologie grâce aux efforts de concentration et de mémorisation développés sur l’échiquier.
Un tournoi scolaire d’échecs qui passionne les jeunes
Des représentants de cinquante établissements scolaires et de 19 clubs d’échecs départementaux se trouvaient dans les travées du gymnase.
Le championnat fonctionne sur le système suisse qui permet aux vainqueurs et aux perdants de combattre un adversaire qui a sensiblement le même nombre de points, donc à peu près le même niveau .
Philippe Moreira, président de l’Echiquier Blanc-Mesnilois.
Les joueurs d’échecs ayant entre 12 et 20 minutes pour chaque partie (avec l’incrément de 3 secondes par coup). Ils doivent gérer le chrono et jouer de façon équilibrée pour gagner. Ceci apporte du punch et de l’excitation dans les stratégies élaborées.
La vitesse avec laquelle les écoliers âgés de 7 ou 8 ans poussent les pions laisse pantois. Le roi des jeux, qui est de plus en plus pratiqué dans les enceintes scolaires du territoire, passionne les jeunes. Comme Hassna, 8 ans, en CE2 à l’école élémentaire Paul-Langevin, qui demande à sa mère d’imprimer des exercices tactiques pour progresser.
« Avec les échecs, on joue avec le temps, la patience, la stratégie… Et j’arrive souvent à battre les garçons, même s’ils aiment pas… » confie la fillette avec un sourire.
Compte tenu du fait que ce sport est plutôt masculin, les clubs locaux sont attentifs aux nouvelles recrues qu’ils essayent de prioriser en imposant par exemple deux filles dans chaque équipe. Ils couvent des jeunes joueurs passionnés comme Davud qui à 14 ans, vient de passer son diplôme de professeur d’échecs. Ou Dev, 11 ans qui met des adultes échec et mat lors de tournois internationaux.
Parmi les dizaines de petits champions et championnes d’échecs, ces deux garçons ont reçu une coupe. Une récompense saluant leurs réussites pendant les quatre rondes. Tout le monde a été heureux de gagner la récompense. Les collèges Angela-Davis de Bobigny ont pris la première place. Raymond-Poincaré et Jean-Vilar de La Courneuve ont obtenu des prix. Une façon de montrer, malgré leur jeune âge, que les victoires les plus belles sont collectives.
Un article de Carine Arassus illustré par les photos de Fatima Jellaoui
Pour aller plus loin : nos vidéos d’apprentissage du jeu d’échecs