« Plus perçu comme un génie que comme un débile », avoue Floryan, lors d’une interview à 20 minutes, maillot du PSG sur le dos.
Ce jeune champion d’échecs, Maître FIDE à 19 ans avec un classement de 2337 Elo, revient du championnat du monde des moins de 20 ans en Inde.
« Je ne pense pas être complètement cinglé quand même… » Floryan Eugène préfère sourire des clichés qui escortent sa passion. Agé de 19 ans, cet habitant de Sautron, en banlieue nantaise, est champion de France U 20 depuis le 21 avril de jeux d’échecs. Cet adhérent du club l’Échiquier de l’Erdre ( Sucé-sur-Erdre) fait partie de la petite délégation française présente aux championnats du monde U 20 (les moins de 20 ans), i à New Delhi en Inde. Pendant plus de quinze jours, Floryan, 19 ans, a mis entre parenthèses ses études d’histoire, suivies à Angers, pour la passion qui l’anime depuis l’âge de 7 ans.
Le petit Sautronnais a commencé par les jeux d’échecs électroniques. « Je m’en suis vite lassé… » Très vite, une rencontre avec un homme va changer son destin. « C’est Bruno Raté, mon initiateur à Sautron, qui m’a donné l’envie de jouer. Alors que mes parents ne pratiquaient pas du tout les échecs, il m’a transmis le virus. » Douze ans plus tard, Floryan est toujours plus que contaminé.
Maillot du PSG sur le dos
Les échecs se transforment en réussites pour celui qui a obtenu un baccalauréat S avec mention assez bien. En 2011, il devient vice-champion de France de la catégorie U12. Ce sport (depuis 1999, le Comité Olympique International reconnaît les échecs comme un sport) n’est pas commun et charrie son lot de moqueries.
« Quand tu es petit et tu dis que tu joues aux échecs et pas au foot, on te met à l’écart car ce n’est pas normal de jouer à ce jeu, se souvient celui qui porte souvent en compétition un maillot du footballeur parisien Choupo-Moting à la suite d’un pari perdu. Je n’en ai pas souffert, mais je l’ai ressenti. Je vous rassure, on ne m’a jamais martyrisé à cause de ça… » En revanche, autour de l’échiquier, Floryan ne se prive pas de torturer ses adversaires. Objectif : échec et mat au roi à chaque duel.
Gros investissement financier pour ses parents
« Presque tous les jours, je fais une partie », reconnaît celui qui a rejoint il y a deux ans le club de Sucé-sur-Erdre. A ses côtés, un entraîneur, Vincent Colin (joueur d’échecs professionnel et maître International d’échecs) au quotidien payé par ses parents. « C’est un vrai investissement pour eux. Ils sont toujours derrière moi. »
Classé 153e joueur français toutes catégories d’âge confondues (2.340 elo au classement international de la Fédération internationale des échecs) et deuxième de Loire-Atlantique, Floryan estime que « la concentration » est l’atout essentiel d’un très bon joueur d’échecs. « Il n’y a jamais rien d’acquis. Tu peux toujours t’en sortir. Tu n’es jamais sûr de gagner. Tant que la feuille [à la fin de la partie] n’est pas signée, tu n’as pas gagné. »
Un sport de psychopathe ?
Créativité, mémoire, concentration et une certaine endurance mentale et physique. « Ma plus grande partie a duré 5h30, à la fin, j’étais usé ! » Un vrai sport de psychopathe ? « Oui, dans pas mal de séries, on apparaît comme des fous, rit Floryan. Bobby Fischer, joueur d’échecs des Etats-Unis, qu’on appelait le Prodige, est devenu dingue. Cela a déformé un peu l’image de notre discipline. C’est vrai qu’on te regarde un peu bizarrement quand tu dis que tu joues aux échecs, mais ça ne va pas plus loin. Tu es plus perçu comme un génie que comme un débile… »
Pour en savoir plus : L’article de 20 minutes