« Nous nous sommes tues trop longtemps » Les joueuses d’échecs sortent du silence face aux violences sexistes et sexuelles
Le supplément hebdomadaire du célèbre quotidien sportif français L’Équipe du 6 octobre 2023 a souhaité offrir une tribune aux joueuses d’échecs françaises, pour leur permettre de libérer la parole et de dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans leur sport. L’article présente les témoignages de 9 joueuses qui révèlent leur ras-le-bol vis-à-vis des gestes ou remarques déplacés, et leur indignation face à des violences graves.
Discipline masculine et plutôt conservatrice, les échecs font face à leur tour à une libération de la parole des joueuses qui dénoncent une culture sexiste et les violences qui en découlent. Cette prise de parole médiatique fait suite à la publication le 3 août 2023 d’une lettre ouverte dénonçant les violences sexistes ou sexuelles subies dans le monde des échecs. Parmi les joueuses signataires, Natacha Benmesbah, vice-championne de France, Andreea Navrotescu, ou encore Mitra Hejazipour la championne de France 2023. Des dizaines de joueuses avaient par la suite apposé leur signature au texte, largement repris par les médias français.
Yosha Iglesias, Margaux Moracchini et Mathilde Choisy – Photo © Patrick Messina/L’Équipe
Le monde des échecs n’en finit pas de hoqueter. Après le succès planétaire de l’aimable bluette netflixienne Le Jeu de la dame qui avait dépoussiéré la discipline en en proposant une image idéalisée à travers l’ascension jusqu’au sommet d’une joueuse sortie de nulle part, façon Rocky Balboa, on aurait pu penser que les échecs allaient connaître un nouvel âge d’or. Certes, l’audience des grandes plateformes n’en finit pas de croître. Mais la réalité est plus contrastée.
Il y a un peu plus d’un an, le noble jeu se voyait ainsi sérieusement ébranlé par le scandale retentissant de la triche supposée du jeune Grand Maître américain Hans Niemann, dénoncée par le quintuple champion du monde Magnus Carlsen. Alors que l’affaire, qui avait pris une tournure judiciaire, s’est finalement réglée il y a quelques semaines par un arrangement en catimini, une nouvelle déflagration s’est abattue sur les échecs.
Mais il s’agit cette fois d’une lame de fond qui traverse les sociétés occidentales à laquelle les échecs – milieu très majoritairement masculin et profondément misogyne ne pouvaient pas échapper : la libération de la parole des femmes.
Yosha Iglesias : « Dénoncer des violences sexuelles, c’est comme un coming out »
Yosha Iglesias au café Blitz Society, en septembre dernier – Photo © Roberto Frankenberg / L’Équipe
Joueuse d’échecs transgenre, Yosha Iglesias est en première ligne dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans son sport.
Elle a surgi au coeur de l’été en étant à l’origine de cette lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux signée par 14 joueuses françaises qui dénonçaient les violences sexistes et sexuelles ayant cours dans le milieu des échecs hexagonal. Passionnée par le noble jeu (elle est Maître FIDE et coach), Yosha Iglesias, très active sur X (anciennement Twitter), s’intéresse à tous les débats et problématiques qui traversent les 64 cases.
À 35 ans, elle défend ses convictions avec détermination, humour parfois, mais doit aussi faire face régulièrement à la haine en ligne et à des insultes d’une très grande violence. Sans vraiment l’avoir cherché, et sans le revendiquer, elle est devenue une porte-parole de ce collectif de femmes.
L’intégralité de cet article est à retrouver sur L’Équipe sous la plume de Frédéric Waringuez.