L’intelligence artificielle, notamment depuis l’arrivée d’AlphaGo et AlphaZero dans les années 2010, a permis, non seulement de rendre la discipline plus intéressante mais aussi d’être encore plus ouverte à tous.
Les échecs sont un sport – reconnu comme tel en France depuis le début des années 2000 – qui n’a jamais laissé la technologie de côté. Bien au contraire. Dans les années 1990, joueurs et ordinateurs s’affrontaient déjà dans des duels passionnants. A chaque fois soldés par des victoires humaines. Jusqu’au match historique de 1997. Pour la première fois un superordinateur, DeepBlue d’IBM battra le champion du monde Garry Kasparov.
1 milliard de joueurs d’échecs dans le monde
« Il y a un truc avec les échecs. C’est que nous sommes très nombreux à jouer dans le monde – 1 milliard – et que nous sommes friands des technologies ». Ainsi analyse Eloi Relange, le président de la Fédération Française des Échecs (FFE). Elles offrent non seulement la possibilité de jouer, comme de nombreux sites Internet offrant des parties en ligne, mais également la possibilité de progresser. De nombreux amateurs visionnent des vidéos avec l’objectif d’apprendre de nouvelles stratégies. « Les joueurs d’échecs ont toujours été très connectés aux outils informatiques. Un des premiers jeux sur Windows était d’ailleurs Chess », un jeu d’échecs.
C’est donc avec beaucoup d’intérêt et de curiosité que les amateurs et professionnels du jeu d’échecs ont accueilli l’intelligence artificielle dans les années 2010.
Un autodidacte des stratégies
Les premiers programmes marquants sont apportés par DeepMind, une entreprise créée par des chercheurs et spécialisée dans l’IA. Rachetée en 2014 par Google, la filière développe d’abord AlphaGo, un programme tourné vers un type de jeu de stratégie, le Go. Puis AlphaZero, capable de maîtriser non seulement le Go, mais également les échecs et le shogi (échecs japonais).
Ces programmes permettent à l’ordinateur de ne plus besoin qu’un humain lui donne des stratégies. Il apprend seul en affrontant son propre système.
Le modèle DeepBlue, qu’on pensait imbattable, était une technologie qui avait besoin qu’on lui donne les règles du jeu et qu’on lui apprenne à avancer.
Les programmes de DeepMind n’ont que besoin des règles du jeu. L’ordinateur agit contre lui-même et progresse de la sorte. On ne lui fournit aucune notion de stratégie. En quatre heures, il est suffisamment entraîné pour battre son grand frère DeepBlue, mais aussi les meilleurs joueurs du monde. En 2016, le système AlphaGo a battu un des as du Go, le Sud-Coréen Lee Sedol.
L’IA, joueuse et prof d’échecs
Les derniers programmes sont encore plus sophistiqués. Désormais, l’IA est capable d’élaborer de nouvelles stratégies et de les communiquer aux humains. C’est le cas du Gemini Chess de Google. « L’IA ne se contente pas de suggérer le meilleur coup, mais elle explique également pourquoi ce coup est très performant et pourquoi le joueur a commis une erreur. Cela crée une IA qui dispense des cours. C’est un enjeu considérable pour tous ceux qui œuvrent dans ce secteur.
Selon Eloi Relange, les entreprises, comme les grandes nations pendant la Guerre Froide, se servent des échecs pour montrer quelque chose. Les Russes ont, à travers leurs titres de champions du monde d’échecs, montré qu’ils étaient une grande puissance. Les multinationales comme Google démontrent la pertinence de leurs technologies IA. « C’est pour dire en fait que si leurs technologies sont les meilleures aux échecs, alors elles sont les meilleures tout court ». C’est ce qu’affirme Eloi Relange également Grand Maître International (GMI) du jeu d’échecs depuis 1998.
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