Lors de la huitième partie du match du Championnat du monde féminin d’échecs de la FIDE, Tan Zhongyi a modifié sa stratégie. Elle s’écarta de son ouverture anglaise habituelle pour tenter de créer la surprise et d’imposer un résultat. Mais, malgré les intentions combatives de sa challenger, la championne du monde Ju Wenjun a une fois de plus démontré pourquoi elle n’est plus qu’à un demi-point d’un quatrième titre consécutif.
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Pour la première fois du match, nous avons assisté à une rupture avec le scénario d’ouverture. Tan commençait régulièrement par 1.c4, mais aujourd’hui, elle a choisi de rompre à la fois avec ce schéma, et aussi son répertoire habituel. Elle a joué 1.e4 – décrit par Bobby Fischer comme « le meilleur ». C’était un choix logique pour Tan Zhongyi. Elle avait besoin de plus qu’un léger avantage à l’ouverture. Elle devait gagner.
Le lancement de la 8ᵉ partie d’échecs
Les premiers coups cérémoniels de la huitième partie ont été effectués par Chen Shenglin, vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). La vice-présidente du conseil d’administration de la FIDE, Dana Reizniece, était également présente.
Examinons à nouveau l’état d’esprit du match avant le début de la rencontre : Ju vient de réaliser un triplé, remportant trois parties d’échecs consécutives. Elle a pris une avance confortable de 5 à 3. Avec seulement 6,5 points, elle a abordé la rencontre avec confiance et maîtrise. Ju est une championne au sommet de sa forme : concentrée, posée et déterminée. Comme championne du monde, sa force n’est pas uniquement son travail acharné, mais réside aussi dans sa « concentration ». À la regarder pendant les matchs, ne quittant pratiquement pas sa chaise, elle conserve une concentration inébranlable, assurément son point fort. Cette qualité lui a permis de remporter une nouvelle défense de son titre.
Une challenger au championnat du monde d’échecs ébranlée
Tan, en revanche, se trouve dans une position que peu enviaient : trois points de retard, sous une pression immense, sous les yeux du monde entier. Elle doit se battre bec et ongles pour chaque point. Avant le match, Tan rayonnait de confiance. On en a eu des aperçus dans les premières parties – peut-être même trop parfois. Elle a joué trop vite dans des positions complexes qui exigeaient des calculs plus précis. Mais, cette confiance semble désormais ébranlée. Lors des dernières parties, elle a trop hésité dans des moments qui imposaient de la détermination. Aujourd’hui, son jeu reflétait un mélange de confiance et de désespoir. Elle a sacrifié un pion sans compensation, et Ju a converti l’avantage avec précision et élégance.
À la recherche d’une victoire
La partie a débuté par une Viennoise, transposée plus tard en une ouverture hybride du Fou. C’est un système ancien qui a récemment été testé au plus haut niveau. Même en jouant avec les pièces noires, Ju a trouvé son rythme dès le début. Les Blancs n’ont jamais pris l’initiative. Ce sont même les Noirs qui ont pris les rênes de la partie d’échecs. Une décision déroutante de Tan a permis à Ju de capturer un pion central important et de prendre le contrôle de la partie.
L’analyse de la partie d’échecs
Ici, au lieu de 25.exf5 avec une position à peu près égale, 25.Dd4? a été joué et Ju a simplement capturé en e4. La position résultante était explicitement meilleure pour les Noirs, mais la suite était vraiment impressionnante.
Ici, Ju joua le brillant 28…e3!, sacrifiant un pion pour ouvrir la diagonale et permettre à sa dame de cibler le pion c2 vulnérable. Après 29.Dxe3 Dxc2, Tan répondit par 30.Da7 au lieu de capturer en b5, autorisant 30…bxc4 et offrant aux Noirs un pion passé dominant. Tan riposta, récupérant les pions c7 et d6 et activant son cavalier. Mais la position était déjà très compromise. Les dames furent rapidement échangées, et la finale qui en résulta, le fou noir contre le cavalier blanc, avec un pion c passé dangereux, était entièrement entre les mains de Ju. Même si elle aurait pu choisir une voie plus simple, la championne fit confiance à sa technique de finale et termina la partie avec confiance.
Un autre magnifique moment, au 45e coup, où Ju démontra son talent et démontra pourquoi elle était championne du monde :
Ici, les Noirs ont dû trouver 45…Fxf3, et une fois de plus, Ju Wenjun n’a pas déçu. Les Noirs abandonnent le fou en échange des deux pions blancs à l’aile roi. 46.Cxf3 Rg4 47.Cd4 Rxg3 et le pion h coûtent le cavalier aux Blancs.
Demain est jour de repos, et les joueurs reviendront pour la neuvième partie mercredi. Avec seulement un demi-point, Ju peut s’assurer le titre par une nulle. Sera-ce le dernier chapitre du match, ou Tan se ressaisira-t-il et reviendra-t-il avec une fougue renouvelée ?
La neuvième partie d’échecs aura lieu le mercredi 16 avril à 15h (heure locale), 9h heure de Paris. Ju Wenjun aura les pièces blanches.
Crédits Photo Anna Shtourman
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