Une finale opposant les numéros 1 et 2 mondiaux, Magnus Carlsen et Hikaru Nakamura, pour 200 000 dollars… Le « Freestyle Chess » est un tournoi de grande envergure. On place les pièces de manière aléatoire sur l’échiquier. Cela révolutionne le monde des échecs. Un podcast de France Culture.
Maxime Vachier-Lagrave, 6ᵉ du Freestyle Chess Paris, était l’invité de France Culture pour présenter son expérience dans ce tournoi d’Échecs aléatoires !
Les grands maîtres internationaux d’échecs sont pressés autour d’un échiquier dans une grande salle du Pavillon Chesnaie du Roy du Bois de Vincennes, à Paris. Ils observent les résultats du tirage et discutent de la meilleure stratégie à adopter pour la cinquième journée du tournoi Freestyle Chess Grand Slam Tour.
La finale du Freestyle Chess à Paris
La première rangée du plateau de jeu est composée de pièces étrangement disposées. Un cavalier est à la place du roi et un fou à la position d’une tour. C’est le principe du « Freestyle Chess » ou « Chess 960 ». À chaque partie, la disposition des pièces est tirée au sort et placée au hasard. Cela se fait de la même façon pour les deux joueurs.
960 combinaisons possibles pour commencer la partie d’échecs
D’un point de vue purement jeu, ce style permet aux experts de sortir du sur-théorisé des ouvertures. Ils peuvent bénéficier, d’emblée, d’un jeu plus inventif. Les grands maîtres internationaux ont depuis longtemps analysé et mémorisé, épaulés par de superordinateurs, de multiples variantes d’ouvertures. L’intérêt du Chess960, devenu « Freestyle Chess », est d’éviter cette barrière.
Supprimer la partie théorique des ouvertures aux échecs
L’objectif du jeu est « supprimer un peu la partie théorique d’ouverture », déclare le Français Maxime Vachier-Lagrave, alias MVL, 24ᵉ joueur mondial au classement Elo de la FIDE et participant du tournoi.
Le tirage au sort de la position initiale aux échecs a donné la position numéro 599 sur les 960 possibilités.
« Les pièces sont placées de manière aléatoire sur 960 positions différentes. L’idée est qu’elle ne soit plus un duel de mémoire, qu’elle ait une part beaucoup moins prépondérante. La difficulté commence dès le premier coup ! Cela demande beaucoup plus d’efforts, mais évidemment, avant les parties, il y a moins cette préparation un peu rébarbative. »
Maxime Vachier-Lagrave
Un nouveau type de tournoi d’échecs
Ce type de jeu n’est pas nouveau. L’Américain Bobby Fischer, une légende des échecs, l’a inventé au cours des années 1990 sous le nom Fischer Random Chess ou Chess960. Il ne s’est jamais vraiment imposé par la suite. Ce nouveau tournoi, nommé Freestyle Chess Grand Slam, propose un nouveau type de partie d’échecs. Ce style bouleverse autant la façon d’aborder une partie que le monde des échecs lui-même. « En compétition officielle, c’est vraiment très récent », détaille Maxime Vachier-Lagrave. « Il y avait eu des compétitions dans les années 2000. Maintenant, on est sur un circuit plus régulier, plus officiel et mieux organisé, avec des investisseurs derrière.»
Les organisateurs du tournoi ont ensuite mis les petits plats dans les grands en invitant la crème des échecs. En plus de Magnus Carlsen, qui est le numéro 1 mondial, on y croise les numéros 2 et 4. Ce sont les Américains Hikaru Nakamura et Fabiano Caruana. On y retrouve aussi le champion du monde actuel, l’Indien Gukesh Dommaraju. Au programme, ambiance luxueuse, mise en scène du tirage aléatoire ou encore cabines insonorisées. Les grands maîtres des échecs peuvent s’y isoler pour justifier leurs décisions et raconter leur ressenti auprès du public.
Magnus Carlsen aux avant-postes de la révolution des échecs
« C’est évidemment essentiel que Magnus Carlsen soit partie prenante du projet », reconnait Maxime Vachier Lagrave.
La perception du public avait déjà beaucoup évolué, notamment avec le succès de la série de Netflix Le Jeu de la dame. Mais aussi avec l’arrivée du streaming via Twitch ou YouTube également. Il y a énormément de youtubeurs, dont certains sont de très grands joueurs comme Hikaru Nakamura. Cependant, il y a aussi beaucoup de streameuses, ce qui permet d’ouvrir les échecs à un public plus féminin ! La perception du jeu d’échecs a été modernisée et il est plus accessible aux jeunes
La stratégie consiste ainsi, pour les organisateurs du tournoi, à faire parler, sur le plan médiatique, grâce à une liste de VIP qui ne peut qu’attirer l’attention. Mais aussi en attirant l’attention d’un public qui s’est considérablement démocratisé ces dernières années. D’où la volonté, peut-être, de Magnus Carlsen de faire « évoluer vers un spectacle plus dynamique et plus captivant, qui permette aux joueurs de démontrer leurs compétences dès le premier coup. »
L’article complet sur France Culture
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