Parmi les nombreuses conférences hier, « Pourquoi Deep Blue, n’a pas tué les échecs ? »
Les échecs, souvent définis comme le sport de l’intelligence ont connu un bouleversement qui a fait souffler un vent panique : Deep Blue, le supercalculateur IBM et son algorithme s’est offert le luxe de terrasser le géant Garry Kimovitch Kasparov en 1997. Un champion qui pourtant avait battu facilement Deep Thought et sa capacité de calcul à 720 000 coups par seconde.
Ce supercalculateur a été à son tour battu par l’intelligence artificielle nommée Alpha 0.
L’IA a-t-elle tué les échecs ou a-t-elle ouvert de nouvelles perspectives ?
Pour les trois intervenants la réponse est unanime, l’IA est un formidable moteur. Les échecs sont un laboratoire au-delà du simple jeu. « Il s’agit d’un miroir de la société et un laboratoire des technologies. Turing (N.D.L.R. : un mathématicien britannique) a imaginé la programmation informatique à partir des échecs », explique Jean-Michel Pailhol, spécialiste de la révolution digitale.
« Les échecs par l’esprit humain ont nourri l’algorithme qui a battu Kasparov. Il nous a finalement peu appris. Alors que l’IA n’est pas basé sur les données intégrées dans une base mais elle définit ses propres solutions. Elle a ouvert des pistes que les joueurs n’avaient jamais explorées et proposé de nouvelles approches », ajoute Mathilde Choisy, ancienne championne d’échecs et neuropsychologue.
Pour le premier grand maître international d’échecs français, Bachar Kouatly, « la machine renvoie à l’homme alors que l’homme renvoyait à la machine ».
La rapidité de calcul
Une formule illustrée par Mathilde Choisy : « On franchit encore un cap avec Microsoft qui travaille aujourd’hui sur une IA qui, en plus d’être capable de jouer le meilleur coup, est capable d’anticiper les erreurs de l’esprit humain et de s’en servir pour orienter ses choix ».
Un danger ? Non, pour Jean-Marc Pailhol : « L’IA augmente l’intelligence humaine. Ce n’est pas une guerre entre esprit humain et IA mais une fertilisation croisée, un progrès collectif. Il faut apprivoiser ces outils mais ne pas confondre opposition et maîtrise ».
Les joueurs en sortent grandis comme le démontre Bachar Kouatly : « Le jeu en ligne contre les IA a énormément développé la rapidité de calcul chez les jeunes joueurs qui aujourd’hui ont pris le contrôle des échecs de haut niveau. Les seniors ne veulent même plus jouer contre cette nouvelle génération« .
Un bagage théorique bien plus important que par le passé qui fait bouger les lignes : « Ce bagage apportait par l’IA permet de moins calculer et de laisser place à l’émotion. Les grands champions sont ceux capables d’aller au-delà du calcul », ajoute Mathilde Choisi.
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