Echecs & Interview : Jean Hébert (2/3)

Jean Hébert en polo Chess & Strategy

Après le premier, voici le second volet des 3 parties de l’interview exclusive de Jean Hébert pour les lecteurs de Chess & Strategy.

Louise – Gerard Berliner

Découvrez l’homme, les grands moments de sa carrière, sa vision du jeu, ses conseils. Cette interview a été réalisée par Olivier Caleff, notre Envoyé Spécial à Montréal.

LES JOUEURS

Quels sont les joueuses et les joueurs de premier plan contre qui vous avez joué ?

Boris Spassky, Tigran Petrossian et Jan Timman en 1979 avec qui j’ai fait partie nulle, Robert Hubner, Lajos Portisch, Viktor Kortchnoi, …

En revanche, je n’ai rencontré que très peu de joueuses : au Canada, il n’y en a presque pas. Mais j’ai tout de même rencontré Sophia Polgar qui était toute petite à l’époque.

Quels sont les grands joueurs canadiens et français que vous admirez le plus et pourquoi ?

Ce n’est pas dans ma nature « d’admirer » joueurs d’échecs ou célébrités.

Avoir du respect pour les grands oui, même si j’ai toujours un regard critique sur le jeu de tous, y compris le mien d’ailleurs. Les joueurs d’échecs sont des êtres humains comme les autres : ils font aussi des erreurs. Même Capablanca faisait des erreurs. Aujourd’hui on s’en rend compte en rejouant les parties sur ordinateurs.

Et le Karpov des grandes années : celles des championnats du monde contre Kortchnoi ou Kasparov ?
Même lui ! Analysez et rejouez ses parties sur ordinateur. Vous verrez ! Les échecs sont un jeu très difficile, techniquement mais surtout psychologiquement. Notre tempérament, nos défauts et nos faiblesses ressortent toujours à un moment ou à un autre. C’est aussi vrai pour les meilleurs joueurs. Dans des moments critiques, leur caractère ressort. Admirer le jeu des plus grands, oui. Mais aussi pour les « à côtés » des parties. Par exemple, je trouve que ce que fait Garry Kasparov pour la promotion du jeu, est admirable.

Parmi les joueurs canadiens, je pense qu’il faut reconnaître l’engagement, les résultats et la longévité d’un Kevin Spraggett, malgré le fait que ses prises de position frisent à l’occasion la paranoïa et le libel diffamatoire.

Quant aux joueurs français, je ne connais hélas pas assez, ni leur jeu, ni leur personnalité pour me prononcer. Il faut comprendre que comme Nord-américains, je suis, pour le meilleur et surtout pour le pire, davantage accroché aux échecs de mon continent.

Quels sont vos souvenirs du tournoi Interzonal de Rio de Janeiro en 1979 pour le championnat du monde ?

Le fait que j’ai été privé de mes bagages, perdus pour une semaine lors de l’escale à New-York. Bien mauvaise condition pour commencer un tel tournoi !

Sur le plan échiquéen, je déplore le fait de ne pas avoir été mieux préparé, mais à l’époque je n’avais ni le soutien ni les connaissances pour faire mieux. Aujourd’hui je souhaite partager mon expérience pour que d’autres jeunes puissent éviter ce genre de déception et atteindre leur potentiel.

Quelle partie souhaiteriez-vous partager avec les lecteurs de Chess & Stratégie ?

Choix difficile car je suis plutôt fier de la collection de « meilleures parties ».

En voici toutefois une :

JEAN HEBERT, ECRITURE ET INTERNET

Racontez nous comment « Hébert parle échecs » (HPE) est né

Je trouvais que les échecs organisés (au Québec et au Canada surtout) ne rejoignaient pas assez souvent et avec assez de persuasion l’amateur d’échecs.

Utiliser Internet pour le faire me semblait et me semble toujours parfaitement logique. Quoi de plus direct que de placer un courriel dans chaque boîte de courriels ? (Au Québec les « mels » ce sont des « courriels »). Il n’y a plus qu’à ouvrir le document. Je voulais avoir un véhicule utilisable pour les organisateurs de tournois afin de rejoindre les joueurs d’échecs beaucoup plus régulièrement que les revues papier.

Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?

Je dirai que c’est un grand succès d’estime : j’ai environ 1500 lecteurs francophones, 500 au Canada ce qui représente une part importante des joueurs francophones ici, et un millier ailleurs dans le monde francophone. Les commentaires sont unanimement élogieux: je me sens lu et apprécié.

J’arrive aussi à toucher beaucoup d’amateurs qui ne sont plus dans les listes des fédérations, opération qui devrait être mené par ces fédérations pour leur propre bien et non par Jean Hébert.

Je mets beaucoup d’énergie dans cette lettre et un peu plus de collaboration de ceux qui ont tout intérêt à ce qu’un véhicule comme HPE survive (fédération, organisateurs, annonceur, etc.) serait très apprécié. Mais j’aime écrire, et en ce sens j’y trouve une motivation actuellement. Pour combien de temps encore cela sera-t-il suffisant ? On verra bien…

A quand un blog de Jean Hébert ?

Un jour peut-être … Mais ce qui me retient un peu, c’est la nécessité de faire du nouveau constamment, et c’est chronophage.

Sur le fond, je crois profondément qu’il faut stimuler constamment les lecteurs, entretenir une certaine flamme.

En envoyant une lettre de façon régulière, je pense être plus efficace qu’un blog. A une époque de ma vie, alors que je n’étais plus dans le milieu des échecs mais dans un autre totalement différent, j’ai moi-même reçu régulièrement de nombreux emails de publicité ciblée. Je me suis rendu compte que je n’étais pas sensible au premier email, pas au second non plus, mais qu’à la longue cela suscitait un certain intérêt de ma part.

Bref, des sites Internet sur les échecs il y en a beaucoup, et la compétition pour obtenir l’attention des internautes est féroce. Si l’on veut être efficace dans cette ligue, cela nécessite un investissement important en temps et en argent.

Je préfère aller directement dans la boite de messagerie des lecteurs.

Et sur Internet, quels sont vos sites de référence, à part Chess & Strategy ?

Mon site de référence est ChessBase, pour les nouvelles et aussi pour les parties. En second, celui de l’Internet Chess Club pour voir les parties en direct, de temps à autre et pour jouer des blitz. Je suis aussi depuis inscrit comme « vendor » sur ICC, de sorte qu’on peut ainsi m’y rencontrer pour prendre des leçons. [NDLR: le pseudo de Jean Hébert en tant que « teacher » est « Survivor » …]

de Jean Hébert dans

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