Il y a vingt-cinq ans, le 11 mai 1997, le meilleur programme informatique conçu par IBM battait Garry Kasparov, le champion du monde incontesté des échecs. L’événement, dont l’intérêt est plus médiatique que sportif, a néanmoins remodelé la façon dont les joueurs professionnels se préparent.
Boostez votre niveau aux échecs Comprendre la défense sicilienne
Le champion du monde d’échecs Garry Kasparov lors de son match contre le supercalculateur « Deep Blue », à New York, le 7 mai 1997 (photo d’archive).
Des mises en échec, quelques échec et mat, les programmes informatiques en avaient déjà infligé aux pousseurs de bois. Avant d’inciter à la modestie les plus hautes figures, comme les champions du monde russes Anatoli Karpov et Garry Kasparov au début des années 1990, profitant de l’avantage offert par des formats de jeu rapides. Mais lorsque le supercalculateur Deep Blue fait tomber le second, l’échiquier mondial bascule, le 11 mai 1997, il y a vingt-cinq ans à New York. Sur un terrain habituel, avait promis l’Ogre de Bakou, « aucun ordinateur ne (le) battra(it) ».
Pour la première fois dans l’histoire de ce jeu millénaire, investi par la machine quarante ans plus tôt, le meilleur programme de l’époque – perfectionné par les soins d’IBM après avoir été corrigé par le même Kasparov – est venu à bout en partie longue du meilleur joueur du moment, toujours considéré comme l’un des champions les plus innovants de la discipline. « Pas un tournant, mais un point de départ », observe Fabien Libiszewski, grand maître international français de 38 ans.
Une victoire qui catalyse les recherches des programmeurs
Si le match ne révolutionne pas la manière de jouer, il catalyse les recherches des programmeurs informatiques. Les bases de données s’élargissent bientôt jusqu’à l’exhaustivité, permettant à la fois de démocratiser le jeu et de parfaire la préparation des professionnels. Car là où une touche humaine affleurait encore sous les microprocesseurs de Deep Blue, les nouveaux programmes ne sont plus tournés que vers un seul but : le calcul, à défaut du jeu.
« Nous, nous jouons souvent par intuition, en se doutant que notre coup n’est pas mauvais, mais sans savoir s’il est le bon, puisque nous ne sommes pas capables de calculer assez loin pour savoir si cette estimation sera toujours valable plus tard dans la partie. Pas les ordinateurs, qui peuvent donc jouer des coups à première vue illogiques pour un œil humain », explique Fabien Libiszewski.
Pour un joueur, dont la force réside davantage dans la mémoire que le talent pur, les plus accomplis des moteurs d’analyse offrent un éclairage précieux sur les ouvertures, ces premiers coups qui détermineront la géométrie de la partie. Comme « tous les joueurs des années 1990 avant Deep Blue », Éloi Relange, étoile montante des échecs tricolores au moment de la défaite de Kasparov, recourait ainsi à l’ordinateur dans ses préparations, « mais simplement pour vérifier (s’il n’avait) pas fait d’erreur tactique. Aujourd’hui, avec l’aide de l’intelligence artificielle, les meilleurs l’utilisent pour trouver des idées qui surprendront leur adversaire », glisse le grand maître international, devenu président de la Fédération française d’échecs.
Le risque de lisser le jeu
Partagées sur les écrans, les analyses de partie ont peu à peu enjambé les frontières. Jusqu’à atteindre la Norvège et abreuver le champion du monde incontesté depuis près d’une décennie, Magnus Carlsen. « Les joueurs peuvent se construire en trouvant des adversaires aux quatre coins de la planète pour débuter et retravailler leurs parties ou celles des autres pour progresser », avance Fabien Libiszewski. Avec le risque, aussi, de lisser le jeu, en perdant en créativité ce qu’ils gagnent en connaissance théorique.
Les observateurs ont pu en faire le constat, en partie, lors de la dernière finale du championnat du monde 2021, où Carlsen s’est détaché face au Russe Ian Nepomniachtchi, coaché par l’un des supercalculateurs les plus rapides au monde, après cinq premières tentatives stériles et stéréotypées. « C’est devenu très dur de les surprendre dans les ouvertures, c’est vrai, mais Carlsen reste extraordinaire car il ne tente pas un “ace” mais continue de s’en servir pour lancer le jeu et faire la différence ensuite, comme en fond de court au tennis », remarque Éloi Relange. Manière de dire que Deep Blue a battu Kasparov sans tuer l’esprit du jeu.
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Le tacticomètre, outil de mesure de votre habileté à bien calculer
Résolvez 3 exercices d’échecs tirés de tournois internationaux pour progresser durablement en tactique. De difficulté progressive, mat en 2 coups en vert, mat en 3 coups en orange et mat en 4 coups en rouge, nous vous conseillons de vous concentrer pendant 5 minutes maximum sur chaque diagramme ci-dessous. Si vous ne trouvez pas une solution dans le temps maximum imparti, revenez sur cet exercice plus tard dans la journée. Enfin, comparer vos solutions avec celles qui sont données en fin d’article. Une manière efficace de progresser est de chercher par soi-même avant de découvrir la solution.
Les exercices et solutions du jour
Échec et mat en 2 coups
Emanuel Lasker vs Fritz Englund, Schéveningue, 1913
Les échecs aident à développer des compétences analytiques
A chaque partie, un joueur se retrouve face à des problèmes à résoudre et des défis à surmonter. Les échecs aident à anticiper, à ne pas se précipiter et à bien peser le pour et le contre de chaque décision. Comme dans la vie de tous les jours, où l’on essaie de prendre les meilleures décisions possibles pour obtenir des résultats positifs.
Échec et mat en 3 coups
Daniel Campora vs Boris Zlotnik, Séville, 1992
Les échecs apprennent à gérer la pression
C’est lors d’une partie d’échecs intense, dans laquelle on donne tout, que l’on apprend à rester calme malgré la pression. Prendre la décision critique en temps limité pour assurer la victoire nécessite une concentration totale et un calme profond, qui permet à votre cerveau de fonctionner au maximum de ses capacités. Toute notre vie, nous sommes confrontés à des dates-butoirs, à des défis difficiles, au trac des entretiens… Comme dans une partie d’échecs, il faut savoir rester confiant et calme malgré la pression pour réussir au mieux.
Échec et mat en 4 coups
Mephisto vs Alexander Munninghof, La Haye, 1991
Les échecs favorisent la bonne santé du cerveau
Le jeu d’échecs stimule la croissance de dendrites, ces corps qui envoient des signaux aux cellules neuronales du cerveau. Avec plus de dendrites, la communication neurale dans le cerveau s’améliore et devient plus rapide. L’interaction et les activités avec d’autres personnes stimulent également la croissance de dendrites. Pratiquer régulièrement le jeu d’échecs en famille, avec des amis ou dans un club est ainsi une expérience idéale.
Les solutions des 3 exercices tactiques
Échec et mat en 2 coups : 1. Dxc6+ bxc6 2. Fa6# Le fameux mat de Boden
Échec et mat en 3 coups : 1. Cg6+ Txg6 2. Txf8+ Tg8 3. Txg8#
Échec et mat en 4 coups : 1. Fxg7+ Txg7 2. Df6+ Tg6 3. Df8+ (ou 3.Txg6+ hxg6 4.Dh8#) 3…Tg7 4. Dxg7#
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