Madras conforte sa place de capitale des échecs, l’Inde dame le pion à la Chine

Dommaraju Gukesh a offert le trophée de champion du monde des échecs à l’Inde en décembre dernier, onze ans après la fin du règne de Viswanathan Anand. Le pays a pour objectif de renforcer son avance sur le rival chinois, explique la « Nikkei Asia », qui s’est rendue à Madras, nouvel épicentre de la discipline.

Dommaraju Gukesh, le champion du monde d'échecs 2024

« Il est toujours amusant de travailler avec lui », raconte Karthikeyan Murali à propos de Ramachandran Ramesh, fondateur d’une école d’échecs à Madras. En décembre dernier, la scène s’est passée comme dans les clubs du monde. L’entraîneur lance des plaisanteries, les joueurs et joueuses s’amusent, puis la pièce est silencieuse pendant que les joueurs essayent de résoudre un problème difficile, relate la Nikkei Asia.

Comme le montre le magazine japonais, ces huit joueurs de l’académie Chess Gurukul, âgés de 11 à 25 ans, ne sont pas des élèves ordinaires. Cinq d’entre eux sont des grands maîtres internationaux (GMI), plus haut rang de la discipline. Le 12 décembre dernier, la victoire de Dommaraju Gukesh (formé dans une autre académie de Madras) en finale de championnat du monde n’a fait qu’accroître l’engouement pour les échecs dans le pays, déjà visible depuis plusieurs années.

Les clubs et académies d’échecs se multiplient

La Nikkei souligne que si la ville du Sud est devenue le berceau de la génération dorée de joueurs indiens, comme Rameshbabu Praggnanandhaa et sa sœur Vaishali, elle doit principalement à Viswanathan Anand. Aujourd’hui âgé de 55 ans, et toujours dans le top 10 mondial, le quintuple champion du monde (détrôné par Magnus Carlsen en 2013) gère la WestBridge Anand Chess Academy (WACA), véritable pépinière de talents. Mais l’effet d’entraînement est notable : « Depuis l’époque où il est devenu GMI [le premier du pays, en 1988], le nombre d’académies d’échecs privées est passé de trois à presque cent aujourd’hui ».

L'Académie d'échecs T. Nagar, l'une des plus anciennes de Chennai : des dizaines d'entre eux ont ouvert leurs portes dans la ville depuis que Vishwanathan Anand est devenu le premier grand maître international d'échecs indien en 1988 - Photo Palani Kumar pour Nikkei Asia

L’Académie d’échecs T. Nagar, l’une des plus anciennes de Chennai : des dizaines d’entre eux ont ouvert leurs portes dans la ville depuis que Vishwanathan Anand est devenu le premier grand maître international d’échecs indien en 1988 – Photo Palani Kumar pour Nikkei Asia

En outre, dans l’État du Tamil Nadu, dont Madras est la capitale, les échecs font partie des programmes scolaires publics pour les élèves à partir de sept ans, note le journaliste Soumyajit Saha. Ainsi, “en raflant les plus grands trophées des échecs mondiaux, la jeunesse de Madras est en train de redéfinir un jeu longtemps dominé par les joueurs de l’ex-URSS et du reste de l’Europe. Elle restitue ainsi ses lettres de noblesse au pays où, selon les historiens, les premières formes d’échecs sont apparues au VIIe siècle.

La Chine tiendra-t-elle la distance aux échecs ?

En outre, les joueurs indiens peuvent compter sur un financement du privé et des grandes entreprises publiques. Le magazine affirme que l’Indian Oil Corporation est un sponsor dans ce secteur. Et de quoi concurrencer l’autre force qui s’est manifestée ces dernières années dans le domaine : la Chine. “Hormis Ding Liren [champion de 2023 à 2024], ce sont bien les joueuses chinoises qui performent le mieux à l’international : les quatre joueuses les mieux classées sont toutes chinoises.”

Malgré cela, en Chine, les échecs sont encore relégués au second plan par les jeux traditionnels comme le go et le xiang qi.

La dynamique est due à une spécialisation, selon Kenneth Rogoff, professeur d’économie à Harvard et GMI, interrogé par la Nikkei. Alors que la Chine a été une puissance de premier plan dans de nombreux sports lors de compétitions internationales et des Jeux olympiques, précise-t-il, l’Inde a remporté bien moins de succès en dehors du cricket et des échecs. Mais dans cette dernière discipline, il conclut que ce qui se passe en Inde est extraordinaire. Il y a une véritable explosion de talents. Même s’il y a un débat sur sa qualité de meilleur joueur d’échecs indien, Gukesh a remporté le championnat du monde contre Ding.

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