Les parties ultra rapides sont-elles encore des échecs ?

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Les parties disputées à un rythme ultra rapide sont-elles encore des échecs?

Les échecs n’ont jamais été aussi populaires qu’aujourd’hui, avec une prédominance des parties rapides qui interrogent sur l’avenir de la discipline. Laurent Sagalovitsch de Slate nous donne sa vision.

Après le succès de la série Le Jeu de la dame, les échecs ont le vent en poupe. Certes tout est moins rose qu’il n’y paraît, mais tout de même, d’une discipline jusque-là réservée à un public plus ou moins confidentiel, elle est devenue une pratique courante notamment auprès d’un jeune public friand de batailler sur les sites de jeu en ligne. Si bien que désormais, il n’est pas rare que je subisse la loi d’un adversaire qui doit avoir le dixième de mon âge.

C’est évidemment scandaleux mais c’est ainsi. Il faut dire que je suis aussi doué pour les échecs qu’un poulpe pour déchiffrer une grille de mots croisés. Immensément médiocre malgré tous mes efforts pour cesser de l’être, je plafonne à des niveaux dont je ne préfère pas révéler la teneur de peur, de perdre le peu de prestige qui me reste. Disons que si je ne suis pas en queue de peloton, je n’en suis pas loin, englué dans la vaste multitude des joueurs chez qui aucun coup d’éclat ne vient jamais illuminer la partie.

Cette médiocrité devient nullité dès lors qu’il s’agit de disputer des parties rapides voire très rapides. Comment dire cela sans me couvrir de honte? Disons que sitôt que la partie se déroule dans des laps de temps situés entre une et dix minutes avec des incréments minimes, je développe une agilité intellectuelle proche d’un cadavre sur le point d’être autopsié. Non seulement la course éperdue du chronomètre me fait perdre le peu de moyens dont je dispose, mais de surcroît, je rencontre de jeunes blancs-becs qui de leur courte existence n’ont jamais joué que ce genre de parties.

Ne connaissant absolument rien de la théorie ni du répertoire d’ouvertures, ils jouent systématiquement les mêmes coups en un déploiement de pièces qui ressemblent à une cavalcade de Cosaques en route pour un pogrom. Ils ne réfléchissent pas, ils poignardent. Face à ce déferlement inédit de violence, confronté à des émeutes échiquéennes jamais rencontrées dans les livres d’études, je sombre corps et âme, vaincu par cette fougue toute juvénile.

De fait, cette jeunesse, enfin une partie de la jeunesse, joue aux échecs comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo dont le but ultime serait de provoquer un afflux d’adrénaline. Il n’y a la place ni pour la stratégie, encore moins pour la réflexion, si bien qu’après avoir joué des milliers de parties, ils demeurent aussi ignorants que le jour de leurs débuts. En quelque sorte, ils détournent l’essence même du jeu d’échecs pour en faire un objet de consommation dont ils usent et abusent sans même chercher à en comprendre les fondements. En fait, ils pratiquent les échecs comme ils jouent à Pac-man, à la va-vite.

On ne compte plus les vidéos YouTube où on promet d’abattre son adversaire en moins de dix coups. Ou de crucifier son opposant en deux minutes tapantes. J’ai eu le malheur d’en regarder quelques-unes; j’ai failli choper une crise cardiaque. Le type parlait si vite et avec une telle débauche d’énergie que j’avais l’impression d’assister à la retransmission d’un 100 mètres où les coureurs seraient des fous, des cavaliers, des tours, des pions, tous dopés à la coke.

J’avoue, ce genre d’attitude a le don de me faire dégoupiller. À la frustration de la défaite s’ajoute la désolation d’avoir été battu par un jouvenceau dont l’unique satisfaction est d’avoir triomphé mais sans gloire, puisque condamné à répéter jusqu’à la fin de ses jours les mêmes sempiternels mouvements. Ce détournement du jeu d’échecs pour une jouissance qu’on veut immédiate dit quelque chose de notre époque, de cette appétence pour tout ce qui est bref, court, instantané au détriment du temps long et des richesses qui l’accompagnent.

(Mais oui, papy!)

Ces jeunes joueurs en herbe me font souvent penser à d’apprentis footballeurs qui passeraient leurs journées à tirer des pénalties sans jamais disputer une vraie rencontre, sortes de singes savants assez doués pour savoir tirer au but mais néanmoins incapables de délivrer une passe dans les pieds ou d’enchaîner un dribble suivi d’un centre au cordeau.

À la longue, j’ai quasiment cessé de jouer des parties rapides. À quoi bon? D’abord je rentrais dans des rages impossibles. Ensuite, je pleurais sur l’humanité. À la fin, j’allais me coucher sans avoir mangé. On pourrait d’ailleurs se demander si les parties d’échecs jouées à un rythme très rapide, blitz ou blunder, c’est-à-dire à une cadence ne dépassant pas quelques minutes, restent encore des échecs ou si elles consistent à un dévoiement de la discipline dans la mesure où les qualités exigées, rapidité de compréhension et d’exécution, sont à l’opposé des valeurs de réflexion et d’élaboration traditionnelles du jeu d’échecs.

Sans forcément les hiérarchiser –les deux pratiques ont leurs mérites respectifs–, on pourrait penser à les nommer différemment tant elles empruntent des circuits de pensée qui, quelque part, se contredisent. Pour preuve, une partie d’échecs jouée à un rythme élevé comporte une part significative d’erreurs, là où les parties longues se jouent plutôt sur des détails.

Quant à moi, désormais, soit je résous des problèmes, soit je ne joue plus que des parties dites par correspondance, c’est-à-dire où le temps alloué est théoriquement d’un coup par jour. En pratique, c’est plus, mais pour les lents d’esprit de mon espèce qui n’ont pas forcément le temps de disputer chaque jour une vraie partie, c’est le meilleur moyen d’apprendre et d’apprécier ce jeu. Je n’y excelle pas, mais il m’arrive parfois de me surprendre en bien.

Ce qui, pour un perdant né comme moi, n’est au fond pas si mal!

P.S.: pour étudier dans la bonne humeur et apprendre sans trop se prendre la tête, je recommande ces vidéos savoureuses, éditées par un vrai pédagogue des échecs.

L’intégralité de cet article est à retrouver sur Slate sous la plume érudite de Laurent Sagalovitsch.

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Les 3 exercices tactiques sont suivis des solutions

Échec et mat en 2 coups

Les Blancs jouent et matent en 2 coups

Pavel Eljanov vs Turkan Mamedjarova, Bienne, 2018

Les échecs aident à développer des compétences analytiques

A chaque partie, un joueur se retrouve face à des problèmes à résoudre et des défis à surmonter. Les échecs aident à anticiper, à ne pas se précipiter et à bien peser le pour et le contre de chaque décision. Comme dans la vie de tous les jours, où l’on essaie de prendre les meilleures décisions possibles pour obtenir des résultats positifs.

Échec et mat en 3 coups

Les Blancs jouent et matent en 3 coups

Baadur Jobava vs Marco Gallana, Spilimbergo, 2018

Les échecs apprennent à gérer la pression

C’est lors d’une partie d’échecs intense, dans laquelle on donne tout, que l’on apprend à rester calme malgré la pression. Prendre la décision critique en temps limité pour assurer la victoire nécessite une concentration totale et un calme profond, qui permet à votre cerveau de fonctionner au maximum de ses capacités. Toute notre vie, nous sommes confrontés à des dates-butoirs, à des défis difficiles, au trac des entretiens… Comme dans une partie d’échecs, il faut savoir rester confiant et calme malgré la pression pour réussir au mieux.

Échec et mat en 4 coups

Les Blancs jouent et matent en 4 coups

Sergei Movsesian vs Jan Vokoun, Pardubice, 2018

Les échecs favorisent la bonne santé du cerveau

Le jeu d’échecs stimule la croissance de dendrites, ces corps qui envoient des signaux aux cellules neuronales du cerveau. Avec plus de dendrites, la communication neurale dans le cerveau s’améliore et devient plus rapide. L’interaction et les activités avec d’autres personnes stimulent également la croissance de dendrites. Pratiquer régulièrement le jeu d’échecs en famille, avec des amis ou dans un club est ainsi une expérience idéale.

Les solutions des 3 exercices tactiques

Échec et mat en 2 coups : 1. Th8+ Re7 (ou si 1…Dxh8 2. Df7#) 2. Dd6#

Échec et mat en 3 coups : 1. Th5 Cxh5 2. Cxh5 b4 3. Dg7#

Échec et mat en 4 coups : 1. Cgf5+ gxf5 2. Cxf5+ Rg8 3. Dg5+ Rh7 4. Dg7#

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Si vous ne trouvez pas une solution dans le temps maximum imparti, pas de panique ni d’acharnement thérapeutique ! Revenez sur cet exercice un peu plus tard dans la journée. Enfin, comparez vos solutions avec celles qui sont données en fin d’article sur un échiquier dynamique. Une manière efficace de progresser est de chercher par soi-même avant de découvrir la solution 🔑

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2 thoughts on “Les parties ultra rapides sont-elles encore des échecs ?

  1. J'ai toujours pensé qu'il était impossible de parler correctement d'un sujet en le restreignant strictement à son expérience, son vécu, et cet article ne fait que renforcer cet avis. S'il est clair que je ne partage pas l'opinion de l'auteur, je dois tout de même noter que je comprends tout à fait sa position sur le sujet, et la frustration qui peut découler d'une telle expérience. Cependant il est évident pour moi que les joueurs que cette personne a pu affronter n'étaient à aucun égard de bons joueur de parties rapides s'ils n'avaient comme il a pu le dire aucune connaissance d'ouvertures ou d'analyse de position. L'essence des parties rapides, et la différence majeure avec les échecs "normaux", c'est pour moi la mémoire, la capacité à jouer une position sans la calculer mais uniquement grâce à l'expérience théorique acquise mais qui repose aussi, cela va sans dire, sur la capacité à construire une position avantageuse, ou du moins non désavantageuse, ce qui passe par une connaissance théorique et pratique des ouvertures aux échecs "normaux", ce qui n'était de toute évidence pas acquis par les adversaires de notre interlocuteur. Un bon joueur d'échecs, ayant une assez bonne expérience n'a selon moi rien à envier à des joueurs ayant passé leur vie au blitz sans toucher aux échecs classiques

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