Le chessboxing : échec et mat sur un ring

Le premier championnat de chessboxing en France s’est déroulé le 9 novembre 2019 au Cabaret Sauvage à Paris devant une foule qui s’est prise au jeu d’un sport pour le moins original.

L'arbitre internationale d'échecs Anémone Kulczak officiait dans les 3 combats de Chessboxing au Cabaret Sauvage - Photo © Le Figaro

L’arbitre internationale d’échecs Anémone Kulczak officiait dans les 3 combats de Chessboxing au Cabaret Sauvage – Photo © Le Figaro

Le Champion du Monde français 2017 de Chessboxing catégorie des moins de 75 Kg, Thomas Cazeneuve (1983 Elo FIDE, 26 ans, Chessboxing club de Montpellier) a fait échec et mat en 3 coups !

Le Champion du Monde français de chessboxing Thomas Cazeneuve a battu le Kosovar Khemshid « Jim » Vogliqi – Vidéo © Chess24

Le match que tout le monde attendait était celui du Champion du Monde français Thomas Cazeneuve, opposé à Xhemshid « Jim » Vogliqi du Kosovo. Les deux combattants ont impressionné par leur maîtrise des deux sports. Aux commentaires, les grands-maîtres internationaux Jules Moussard et Laurent Fressinet ne pouvaient qu’applaudir le niveau des joueurs aux échecs.

Le premier combat de Chessboxing de la soirée

Le premier combat a vu s’opposer Paul Ducher de Toulouse, entraîné par le Maître International Vincent Colin aux échecs, à Kevin Guedj de Paris. Après deux gaffes de Paul, Kevin était à quelques coups du mat. Paul a alors joué son va-tout dans le round de boxe suivant et s’est imposé par KO. Difficile d’imaginer meilleur scénario pour une première !

Alors que la cloche sonne, le premier combat de la soirée commence doucement. Les deux boxeurs se jaugent lentement et restent solides en défense pour s’assurer qu’aucune erreur fatale n’est commise dès le début. Tout le public regarde le ring et un écran placé au-dessus de la scène vers l’arrière du Cabaret Sauvage, à Paris. C’est parce que les jeux de jambes et autres uppercuts sont laissés de côté pour le moment. Le combat n’a pas lieu avec des gants, mais sur le sol en damier d’un échiquier.

L’écran principal affiche en direct l’emplacement de chaque pièce sur l’échiquier. Dès qu’un pion avance d’une case, le public réagit en même temps que les commentateurs indiquant les stratégies de chacun. Pendant ce temps, Kevin Guedj place sa dame et son fou du côté du roi de son adversaire, cherchant à jeter les bases d’une attaque future. Kevin affronte Paul Ducher, tous deux novices dans la compétition. Ce manque d’expérience se voit dans la lenteur des coups et la prudence avant que la deuxième sonnerie de la cloche ne mette fin au tour.

Six tours d’échecs et cinq rounds de boxe : Paul Ducher sortira vainqueur par K.O technique

Les casques audio, portés pour l’insonorisation pendant les parties d’échecs, sont enlevés et soudain un autre combat se déroule sur le ring. Les chaises et la table ont disparu, et maintenant Kevin et Paul sont de retour avec des gants et des protège-dents. La cloche annonce le deuxième tour, et les coups sur l’échiquier sont remplacés par des coups au menton, les échecs par la boxe.

Un combat typique consiste en six tours d’échecs et cinq rounds de boxe. Une victoire est assurée par échec et mat, par K.O ou par des points basés sur la performance aux échecs, ou si un joueur manque de temps pour faire un coup dans le jeu d’échecs. En de nombreuses occasions, le son des coups de poing reçus sont noyés par des «échec, échec, échec» scandés par la foule. Des pancartes sont également tenues par des spectateurs. Les échecs dans cet environnement sont autant un spectacle que la boxe aux yeux de la foule.

«C’est un sport qui n’est parfois pas pris au sérieux»

Un «merci Enki» écrit au feutre est brandit dans la foule. Une référence à Enki Bilal, inventeur du chessboxing en 1992 dans «Froid Equateur», une bande dessinée célèbre pour sa vision futuriste. L’auteur était présent pour ce grand rendez-vous tout comme le président de la fédération française de chessboxing, Guillaume Salançon. «C’est un sport qui n’est parfois pas pris au sérieux, alors qu’il y a un véritable engagement et une atmosphère incroyable. Les gens rigolent moins maintenant quand ils voient ce qu’on est en train de faire, assure-t-il. Cette soirée, c’est la première étape. Les championnats du monde sont dans notre viseur. On va voir quel niveau on a face aux meilleurs mondiaux comme les Russes ou les Finlandais. On va pouvoir se jauger.»

Avec 11 fédérations et 3 500 licenciés aujourd’hui dans le monde, l’objectif affiché des organisateurs est de démocratiser la pratique du chessboxing pour postuler aux Jeux Olympiques dans les prochaines années.

Pour en savoir plus : L’article de Valentin Dechambre sur Le Figaro

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