Retour à New York quelques jours après le match d’échecs entre Magnus Carlsen et le Reste du monde.
Ameno – Vincent Niclo
Envoyée Spéciale C&S aux USA, Séverine Picquet de l’agence MPB, nous propose le portrait d’Andrew Gauldin qui conjugue échecs et philosophie de vie.
A peine arrivée à Harlem, dans le quartier du « petit Sénégal », j’y rencontre un écrivain New-Yorkais, Andrew Gauldin qui réside à Harlem depuis de nombreuses années. A 39 ans, cet afro-américain travaille depuis 20 ans dans la résolution des conflits dans 19 états et 39 villes aux États-Unis. Ecrivain et formateur sur la prévention de la violence, il utilise le jeu d’échecs comme un outil d’enseignement primaire auprès de la jeunesse et de l’autonomisation du développement de soi. Andrew découvre le jeu d’échecs avec son frère aîné, puis, suit un programme d’été où il apprend la stratégie du jeu avec les jésuites alors qu’il est au collège. Il développe sa propre philosophie sur la façon de penser aux autres plutôt que contre les autres.
Echecs et résolution des conflits
Andrew commença en 1991 l’enseignement du jeu d’échecs aux adultes et aux jeunes dans le cadre d’une association où il travaillait sans programme ni argent. C’est alors qu’il divisa un groupe en deux afin de les faire jouer les uns avec les autres. Bouger ou se replier. Chacun doit être à l’écoute de l’autre, porter un regard critique sur le plateau, puis prendre une décision en fonction de ce qui se jouera ensuite. « J’ai donc appliqué ces principes à la vie, la violence, la prison, la drogue. Les jeunes ont compris où j’allais, car beaucoup d’entre eux ont vu, les mauvais mouvements, les erreurs faites en blessant, tuant et/ou étant incarcérés », nous confie Andrew.
Le Lucky-Luke des échecs vit à Harlem
Cet écrivain, se déplace en permanence avec ses 32 pièces et son plateau de 64 cases. Ainsi Andrew est toujours prêt à dégainer de son sac son échiquier. Il suffit de jouer, de mettre les habitants au défi pour ne pas être des suiveurs mais des leaders, de réfléchir sur la vie, sur les compétences dont ils ont besoin pour avoir une meilleure éducation et un avenir assuré. Les questions de travail, d’emploi, de gestion de conflit personnel ou professionnel, le New-Yorkais les évoquent aussi dans les entreprises.
Son programme de formation
Toujours pragmatique, Andrew, notre philosophe des rues de New York a mis en place un programme de formation aux échecs « The Harlem Juvenile Diversion Program », lorsqu’il a réalisé que de nombreux jeunes dans la rue s’enfermaient et ignoraient les dangers de ces mêmes rues. Une superbe initiative qui porte ses fruits au quotidien.
Chapeau l’artiste et Merci Séverine, Envoyée Spéciale de Chess & Strategy aux USA !