Un grand-maître iranien veut faire revivre les échecs dans son pays

Le grand-maître iranien d'échecs Morteza Mahjoob, qui détient le record mondial du nombre de parties jouées et gagnées simultanément, s'est voué à faire revivre les échecs en Iran, berceau d'un jeu que la révolution islamique de 1979 a failli faire disparaître. Selon l’AFP, le grand-maître iranien d’échecs Morteza Mahjoob (2512), qui détient le record mondial du nombre de parties jouées et gagnées simultanément, s’est voué à faire revivre les échecs en Iran, berceau d’un jeu que la révolution islamique de 1979 a failli faire disparaître.

L’interdiction pendant près de dix ans des échecs par un régime qui avait décidé de prohiber les jeux au nom de l’islam a durablement marginalisé l’Iran dans ce sport.
Vingt ans après la levée de cette interdiction par une « fatwa » de l’ayatollah Khomeiny, le pays compte quelque 200.000 joueurs enregistrés et sept grands-maîtres internationaux, dont deux femmes, mais ne se classe qu’au 49eme rang mondial de la Fédération internationale des échecs.

Ce n’est pas assez pour une nation de 73 millions d’habitants qui se revendique comme le berceau du jeu d’échecs moderne, venu à l’origine d’Inde, estime Morteza Mahjoob.

Aussi le grand-maître de 29 ans s’est-il attaqué au record mondial du plus grand nombre de parties jouées simultanément, qu’il a battu l’été 2009 face à 500 des meilleurs joueurs iraniens.

« Je voulais inscrire mon nom au livre Guinness des records pour promouvoir ce sport dans le pays », explique-t-il à l’AFP.

A l’issue d’un marathon de 18 heures sans interruption, il a remporté 397 victoires, ne concédant que 13 défaites et 90 nuls, et écrasant le record précédant établi six mois plus tôt par le grand-maître bulgare Kiril Georgiev avec 360 parties simultanées.

M. Mahjoob est pourtant venu aux échecs par hasard et tardivement.

« Un jour, j’attendais un ami dans un parc près de chez moi, et pour passer le temps j’ai observé deux adultes qui jouaient sur un banc, a-t-il raconté. « Petit à petit, j’ai retenu le mouvement des pièces, et j’ai demandé à l’un d’eux si je pouvais jouer. Il m’a demandé si je jouais depuis longtemps, je lui ai répondu que je venais d’apprendre en le regardant. Il m’a pourtant laissé jouer, et je l’ai battu ».

« J’avais 13 ans, et j’ai compris que j’avais du potentiel aux échecs », ajoute-t-il.

En 2008, il est champion d’Iran, dirige deux écoles d’échecs accueillant 800 élèves, et décide de « réussir quelque chose qui ne sera pas dépassé pendant dix ans ».

Morteza Mahjoob

Il se prépare, sur près d’un an, au record, organisé les 13 et 14 août 2009 dans le complexe sportif Enghelab de Téhéran en présence d’officiels de la Fide et du Livre Guinness des records.

« Dans ce type de compétition, il faut non seulement avoir un mental très fort mais également une bonne condition physique pour tenir le temps de l’épreuve », explique-t-il.

« J’avais moins de cinq secondes par mouvement, alors que mes adversaires avaient 20 minutes, et je devais marcher 500 mètres à chaque tour. A la fin, avec en outre la chaleur de l’été, j’ai succombé à la fatigue et perdu des parties, c’est le lot de tout athlète », raconte-t-il.

Son record pourrait toutefois tomber plus vite que ne l’espérait le champion, car le grand-maître philippin Rogelio Antonio a prévu d’affronter 600 joueurs simultanément en avril à Manille.

Mais Morteza Mahjoob est prêt à relever le gant: il travaille déjà à organiser un nouveau défi pour l’été 2010: affronter 700 joueurs simultanément.

Le grand-maître iranien, qui n’occupe encore qu’un modeste 668eme rang dans le classement mondial de la Fide, rêve aussi « comme tout athlète » de parvenir au plus haut niveau, un championnat du monde, affirmant son admiration pour le Russe Garry Kasparov.

Une autre de ses références est l’imam Khomeiny, dont la « fatwa » autorisant les échecs en 1988 figure sur la page d’accueil de son site internet. « C’est Khomeiny qui a ouvert la voie au progrès de l’Iran dans le monde des échecs », affirme-t-il

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