Julien Gracq est décédé 22 décembre 2007 à Angers à l’âge de 97 ans. Grand homme de lettres français, il a écrit 19 ouvrages dont « Le rivage des Syrtes », pour lequel il refusa le prix Goncourt en 1951.
Le 12 novembre prochain aura lieu la vente à Nantes des biens de l’écrivain, meubles, livres, objets personnels (poste de radio tsf, jeu d’échecs, etc.) que contenait sa maison à Saint-Florent-le-Vieil.
Celle-ci n’aura finalement pas été rachetée par le conseil municipal comme l’avait souhaité l’homme de lettres, pour en faire une maison des écrivains.
L’auteur et chroniqueur littéraire Pierre Assouline nous a informés sur son fameux blog « La république des livres » des richesses littéraires qui seront dispersées lors de la vente :
Des lettres (José Corti, André Breton, René Char, Man Ray, Jean-Louis Barrault etc), mais aussi des éditions bibliophiliques (Rimbaud, Cocteau, Colette, Jünger, Henri Quefellec, Mandiargues, Régis Debray, Erik Orsenna) contenant souvent des envois dignes d’intérêt (ainsi Le surréalisme et la peinture :”A Julien Gracq, Au voyant, André Breton”), de rares portraits de lui par Robert Doisneau notamment, des dessins, des lithographies ainsi que ses meubles.
Ceux qu’il avait achetés pour son appartement parisien de la rue de Grenelle (XVème), et ceux qu’il avait hérités de sa famille dans la maison où il vivait avec sa soeur, rue du Grenier-à-sel à Saint-Florent-le-Viel. Encore ne s’agit-il là que d’une infime partie des biens tant artistiques que littéraires dépendant de cette succession.
(La République des Livres, 1er octobre 2008)
Assouline encore :
Et aussi : un simple jeu d’échecs en plastique et plateau souple, le moins cher du marché, avec des carnets dans lesquels ce joueur solitaire, qui dirigea un club en Bretagne durant ses débuts de professeur, recopiait les parties historiques qu’il étudiait ensuite. On en ignore le prix mais on en sait la valeur.
(La République des Livres, 29 octobre 2008)
On ne peut qu’être choqué de voir un tel trésor finir ainsi à l’encan, même si la vente de meubles et d’objets personnels est hélas, après la mort d’un vieil homme ou d’une vieille femme, un événement assez courant, qu’il y ait des héritiers ou non.
La littérature éternelle de Gracq
Le jeu d’échecs de Gracq (pas celui en plastique de Louis Poirier), ne faudrait-il pas plutôt aller le chercher dans Le Rivage des Syrtes, jeu d’échecs fantasmagorique aux pièces mi-lumineuses, mi-obscures, roman dont chacun des mots lu et relu relance la partie à laquelle l’écrivain n’a cessé de nous convier, à la découverte de cet intérieur imaginaire qui se dérobera devant nous ?
Gracq, son labyrinthe, on ne le dispersera pas!