Le Championnat du Monde d'échecs des ordinateurs (II): rencontre avec les dresseurs de puces à Amsterdam !

Le 15ème championnat du monde d’échecs sur ordinateur se poursuit, dans une ambiance décontractée et sous l’oeil attentif du directeur de tournoi, Jaap van den Herik. Trois rondes sur les 11 prévues sont terminées et on constate déjà quelques belles surprises : la compétition est plus ouverte que prévu. En effet, tous les favoris, Shredder et Rybka en tête, ont déjà concédé de précieux points en vue de l’obtention du titre suprême. Rendez-vous pour le détail des parties sur le site officiel.

Chess & Strategy a voulu en savoir plus sur les hommes.

Qui sont donc ces dresseurs de puces ?

Les programmeurs forment avant tout une famille, une bande d’amis, sans quoi le temps semblerait très long aux abords de l’échiquier. En effet, comme mentionné dans le précédent article, les parties se déroulent autour d’un échiquier standard et d’une horloge classique. La cadence imposée conduit à des parties durant plusieurs heures (5 heures au maximum). Pour tuer le temps, les programmeurs se lancent dans de longues conversations animées en rapport ou non avec la partie en cours. Les « pauses » déjeuner, pendant que les machines continuent de suer sur les positions à analyser, sont décontractées même si elles se résument souvent à un sandwich avalé en grande hâte en gardant quand même un oeil sur les moniteurs: il ne faut pas manquer le moment où le programme daignera annoncer son prochain coup !

En vivent-ils ?

Les développeurs de logiciels d’échecs sont essentiellement des passionnés. D’ailleurs, sans cette passion, nous ne disposerions pas aujourd’hui des logiciels qui nous aident bien dans l’analyse de nos parties d’échecs. En réalité, peu d’entre eux peuvent vivre de la vente de leur produit. Seuls Stefan Meyer-Kahlen avec Shredder, Vasik Rajlich avec Rybka, Johan de Koning avec (le coeur de) Chessmaster et l’équipe derrière le programme Fritz (Frans Morsch par exemple) parviennent à mener une vie correcte grâce à cette activité.

(Stefan Meyer-Kahlen, un professionnel en compagnie de Gian-Carlo Pascutto)

Même les programmeurs de Junior, qui affrontat Deep Fritz récemment, ne vivent pas uniquement de la vente de leur programme. Certains autres comme Gian-Carlo Pascutto avec Deep Sjeng, Fritz Reul avec Loop ou encore Anthony Cozzie avec Zappa arrondissent simplement leurs fins de mois avec leur création mais sans plus. Pour la majorité cela reste un hobby. Notons encore, pour ajouter une ombre au tableau, que les droits d’inscription pour participer à ce tournoi ne sont pas négligeables. Un programmeur professionnel devra s’acquitter de 500 euros, pour un semi-professionnel cette somme passe à 250 euros, mais fort heureusement, elle ne s’élève qu’à 25 euros symboliques pour les amateurs.

Un combat pour l’honneur !

En réalité, ces programmeurs astucieux se battent ici uniquement pour l’honneur associé au titre de champion du monde. Il n’y a en effet aucune récompense en monnaie sonnante et trébuchante. Il y a bien des sponsors comme IBM ou ChessBase pour supporter cet évènement mais leur contribution reste bien modeste et se limite au financement des dépenses logistiques: même les frais d’hôtel sont à charge des programmeurs !

Une vraie injustice !

Quand on voit les sommes d’argent investies dans un évènement mondial comme le match Kramnik-Deep Fritz (1 million de dollars) et dans une moindre mesure les 100.000 dollars de fonds injectés pour le match Deep Fritz-Deep Junior, on ne peut que se poser une question: pourquoi si peu d’argent disponible pour cette compétition ?

le trophée

Fabian Brau – Notre correspondant Spécial Ordinateur pour Chess & Strategy à Amsterdam – (Auteur de l’article et des photos exclusives).

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