La sixième partie du Championnat du Monde d’échecs de la FIDE, sponsorisé par Google, s’est terminée par un match nul après 46 coups. Les deux joueurs ont tout tenté sur l’échiquier, traquant les erreurs de l’adversaire, mais aucun d’eux n’a réussi à percer.
La septième partie du match est prévue mardi 3 décembre à 17 heures, heure locale à Singapour, 10h à Paris. L’Indien Gukesh aura les Blancs.
Dans la 7ème partie, Dommaraju Gukesh a surpris Ding Liren dans l’ouverture. Le challenger indien a obtenu une position gagnante après la faute du Chinois sur son 40e coup jouée avec seulement 7 secondes à la pendule ! Le Champion du monde a montré toute sa résilience en sauvant in extremis le demi-point ! Le score est de 3,5 points à 3,5. Demain Ding Liren aura les Blancs. Quel match !
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« La préparation de l’ouverture est comme un iceberg : la plupart des lignes restent sous la mer »
Ding Liren
Le challenger indien Gukesh aurait pu forcer la nulle au vingt-sixième coup, mais il a plutôt choisi de continuer à jouer, arguant même qu’il pensait qu’il pourrait être légèrement moins bien. Il n’y avait aucune raison de ne pas continuer et de voir ce qui se passerait ensuite. De son côté, Ding Liren fut satisfait du résultat, mais le Chinois a reconnu qu’il devait resserrer son jeu.
Le coup cérémonial a été exécuté par Scott Beaumont. grand fan d’échecs. Scott a dirigé Google dans la région Asie-Pacifique au cours des cinq dernières années, et avant cela dans la Grande Chine et en Corée. Personne clé du partenariat, il a été le fer de lance du parrainage en titre par Google de ce match historique. C’est le tout premier entre deux grands maîtres asiatiques.
L’utilisation des ordinateurs aux échecs
L’utilisation de super ordinateurs dans les échecs de haut niveau a complètement changé la préparation à l’ouverture. Étant donné que toutes les ouvertures ont été analysées, il est de plus en plus important de trouver des idées qui peuvent surprendre votre adversaire, de gagner du temps à la pendule et d’avoir confiance qu’il ne sera pas en mesure de trouver les coups clés d’égalisation sur l’échiquier.
La partie d’échecs n°6 en était un excellent exemple. Le champion Ding Liren a opté pour le système de Londres, qu’il a déjà utilisé avec succès lors de la sixième partie de son match de championnat du monde 2023 contre le Russe Ian Nepomniachtchi. Bien que Ding soit un joueur accompli de 1.d4, le système de Londres est un choix inhabituel dans son répertoire d’ouvertures.
Une coïncidence troublante dans cette partie d’échecs
Pendant ce temps, dans la cabine des commentaires, Vishy Anand, quintuple champion du monde d’échecs et légende du jeu de stratégie, a donné son avis sur les deux joueurs. « Ils ont des approches contrastées. Ding est très solide avec les Blancs, ne prenant pas encore beaucoup de risques. Par contre, Gukesh pousse un peu plus mais de temps en temps, il trébuche. Je pense qu’ils font tous les deux beaucoup d’efforts. Peut-être que Gukesh met un peu plus de pression mais il a besoin selon moi de plus de précision ».
Ding a dévoilé sa nouveauté au seizième coup (16.dxe5). Ceci a obligé Gukesh à réfléchir à ses seizième et dix-septième coups pendant plus de vingt minutes. Totalement concentré, il trouva l’une des nombreuses lignes qui promettaient une position plus ou moins équilibrée. Puis ce fut au tour de Ding de se plonger dans ses pensées. Il lui fallut plus de quarante minutes pour se décider sur 21.Dxc6 – apparemment, la partie était lancée !
La position critique
Cependant, deux coups plus tard, il semblait que le moment était venu de conclure la nulle et de se rendre à la conférence de presse : les deux joueurs répétaient leurs mouvements.
Mettez-vous à la place de Gukesh. Joueriez-vous 26…De7 pour atteindre la nulle par triple répétition ou joueriez-vous 26…Dh4 et continueriez-vous à jouer ?
Un approche d’un joueur d’échecs pro
De manière plutôt inattendue, Gukesh a décidé de continuer à jouer, choisissant 26…Dh4 au lieu de 26…De7, revendiquant la nulle. Après le match, il a expliqué sa décision. « Je pensais que j’étais peut-être un peu moins bien dès l’ouverture, mais je n’en étais même pas sûr. Mais avec les colonnes ouvertes devant son roi, je pensais que j’aurais toujours un contre jeu. Je ne voyais pas de raison de répéter la nulle. Évidemment, je ne jouais pas pour gagner, je voulais juste jouer quelques coups supplémentaires et voir ce qui se passait.
« C’est la façon professionnelle de procéder. Répétez deux fois, faites croire à votre adversaire qu’il a fait match nul. Puis changez de coup au dernier moment », a déclaré la commentatrice la maître internationale Jovanka Houska dans la cabine des commentateurs. Anand a ajouté : « Peut-être que Ding a étudié cette position et sait qu’il y a des contre-attaques partout. Dans ce cas, peut-être que sa vision est différente. » Un aperçu fantastique du quintuple champion du monde !
Crédit Photos Eng Chin An et Maria Emelianova
