Rentrée littéraire : l'échiquier de Jean-Philippe Toussaint

« L’Échiquier » : pourquoi vous allez dévorer l’autobiographie de Jean-Philippe Toussaint ?

Dans cette chronique autobiographique de confinement, nommée dans la première sélection du prix Goncourt 2023, l’auteur se raconte depuis ses plus jeunes années, débobine son enfance en 64 chapitres en même temps qu’il déroule son rapport à l’écriture et ses réflexions sur le jeu d’échecs.

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Littérature sur les échecs

Dans L’Echiquier, Jean-Philippe Toussaint reparcourt son enfance et remonte aux origines de sa passion pour le jeu d’échecs – Photo © Getty – Estersinhache fotografía

Ce n’est pas un roman, mais un récit autobiographique, son premier. L’auteur de « La salle de bain » a écrit à Bruxelles pendant le confinement de 2020. En même temps, il retraduisait la fameuse et dernière nouvelle de Stefan Zweig, « Le Joueur d’échecs ». Celle-ci paraît en même temps chez Minuit.

Toussaint, qui est joueur d’échecs, se flatte d’avoir assisté aux deux parties légendaires de Karpov et Kasparov. Ces parties ont eu lieu à la fin des années 1980. Il a composé son livre de souvenirs en 64 chapitres, comme les 64 cases de l’échiquier. Manière de jouer avec le temps et, à 65 ans, de disputer une partie capitale avec sa mémoire. Cela malgré une dégénérescence maculaire qu’on lui a diagnostiquée. Il se rappelle les établissements, l’école bruxelloise, le pensionnat de Maisons-Laffitte où il a grandi. Il se souvient du besoin qu’il avait, à 15 ans, de faire l’adulte en buvant de l’alcool, en jouant aux courses. Et puis, surtout, il raconte le rôle qu’a joué son père, Yvon Toussaint. Celui-ci était rédacteur en chef du Soir et auteur de polars dans sa vocation littéraire. Le lecteur a l’impression de jouer aux échecs avec l’auteur.

Frédéric Beigbeder salue la beauté et l’originalité autobiographique de l’auteur Philippe Toussaint

Le critique littéraire du Figaro-magazine a été extrêmement surpris et ému par cette nouvelle écriture de Jean-Philippe Toussaint. Le style autobiographique sied bien à l’auteur à ses yeux : « depuis « La salle de bains » en 1985, on pouvait qualifier Toussaint d’auteur un peu froid, avec une écriture assez clinique (sauf peut-être dans « Le Cycle de Marie » qui était aussi l’histoire d’une rupture amoureuse). Mais, là, c’est la première fois qu’il parle de lui à la première personne. C’est un livre très intime, de confession, ponctué par une structure originale qui justifie sa présence aux éditions de Minuit. C’est un livre de mémoires très émouvant.

Dans ses livres, j’en retiens toujours des images. Cette fois-ci celle de cet enfant qui perd tout le temps aux échecs contre son père. Le jour où il devient bon aux échecs, il constate que son père ne veut plus jouer avec lui. Cela pour ne pas perdre. C’est très beau, et je pensais beaucoup à Patrick Modiano en le lisant, le point commun étant le pensionnat ».

Littérature sur les échecs

Littérature sur les échecs : Ilana Moryoussef l’a dévoré

La journaliste culture de France Inter a eu comme l’impression d’entrer avec l’écrivain dans son atelier d’écriture : « Il nous explique comment il écrit. On est avec lui. Lui est perclus de douleurs, mais c’est toujours le jeune homme qui écrit. C’est une forme de journal de confinement loin d’être ennuyeux et très intelligent. C’est un livre qui se dévore ».

Arnaud Viviant applaudit un livre très beau et intelligent

Le journaliste pour la revue Transfuge est déjà un fan de la première heure de l’auteur, ce récit intime l’a totalement subjugué, notamment dans la volonté d’exprimer sa propre ambition littéraire : « Je me souviens avoir acheté « La salle de bains » alors que je n’avais que 18 ans. C’est très intéressant parce que ce moment où il a publié son tout premier roman aux éditions de Minuit, c’est aussi le moment où des écrivains des Éditions de Minuit, connus pour être les têtes pensantes du Nouveau roman, à savoir Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, publiaient des autobiographies à la stupéfaction générale et lui-même, arrivé à peu près au même âge, fait ce même mouvement vers l’autobiographie, avec une idée très haute de ce que doit être la littérature.

Le livre est conçu d’une manière extrêmement intelligente. Il parle de choses très belles. On voit bien qu’il a peur, qu’il rentre dans la vieillesse. À travers son rapport aux échecs, il raconte ses ouvertures, sa jeunesse, mais aussi ses fins de parties existentielles. Cela avec une structure d’écriture très Modianonesque. Un très beau livre sur l’amitié masculine, sur son ambition littéraire, sa peur de la mort ».

Littérature sur les échecs: Jean-Claude Raspiengeas l’a trouvé absolument magnifique

C’est un des premiers beaux effets du confinement en littérature, autant qu’un prolongement d’un de ses précédents livres qui s’appelait « C’est vous, l’écrivain » où il se confiait déjà quelque peu. Le critique pour La Croix a été particulièrement touché par le rapport que l’auteur entretenait avec son père : « S’il reprend les 64 cases, il agit surtout comme le cavalier à travers sa mémoire, cette figure intéressante aux échecs puisque c’est la pièce du mouvement, la pièce la plus libre sur l’échiquier.

Il y a de très bons moments, notamment sur l’adolescence, dans son rapport avec son père, qui représente le vrai déclic de sa vocation d’écrivain. Ce livre, c’est comme la foudre qui nous tombe dessus. À partir de là, il va devenir écrivain pour plaire à son père. C’est un très très beau livre. En outre, le rapport avec son père est absolument magnifique ».

L’intégralité de cet article est à retrouver sur France Inter.

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