Échecs : à 16 ans, l’Indien Praggnanandhaa Rameshbabu est le nouveau petit roi de la discipline

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Praggnanandhaa Rameshbabu, âgé de seulement 16 ans, a battu le quintuple champion du monde norvégien Magnus Carlsen, lors d’un tournoi en ligne en février. Un trophée de plus pour ce jeune Indien grand maître international depuis quatre ans, et une prouesse dans ce sport.

Nouveauté en vidéo L’histoire des champions du monde d’échecs

Praggnanandhaa Rameshbabu n’avait que 13 ans, en janvier 2019, lorsqu’il participe au tournoi Tata Steel, qui réunit aux Pays-Bas les meilleurs joueurs du monde – Photo © Abaca/Robin Utrecht

Lundi 21 février, il est minuit et demi à Chennai, quatre heures et demie de moins à Oslo, quand l’Indien Praggnanandhaa Rameshbabu et le Norvégien Magnus Carlsen, chacun derrière leur écran d’ordinateur, s’apprêtent à s’affronter aux échecs, lors du Airthings Masters, un prestigieux tournoi organisé en ligne. Carlsen joue les blancs et ouvre la partie avec le gambit de la dame, déplaçant le pion devant sa dame en d4. Rameshbabu a les noirs.

Malgré les inconvénients de jouer en second, il déroule sa tactique, extrêmement concentré. Carlsen a un jeu précis, gagnant avec succès un pion, puis un autre, il prend l’avantage. Mais Rameshbabu ne se laisse pas faire et met une pression constante sur Carlsen qui, au 32e coup, avance un cavalier (32.Cc3?? une gaffe de Magnus Carlsen) « Est-ce intelligent, ou est-ce de la folie ? » s’époumone alors le commentateur sportif sur la plate-forme de streaming d’échecs Chess24. L’Indien contre-attaque et accélère le rythme. Carlsen, la main sur le front, se décompose.

L’analyse de la partie Carlsen 0-1 Praggnanandhaa

Sept coups et environ dix minutes plus tard, Rameshbabu ouvre de grands yeux, met sa main devant la bouche et lance : « Échec et mat ! » Il peine à y croire, il vient, en 39 coups, de coincer le quintuple champion du monde ! C’est une déflagration dans l’univers des échecs. D’autres joueurs expérimentés l’ont déjà emporté sur la superstar norvégienne de 31 ans. Mais Praggnanandhaa Rameshbabu n’a que 16 ans. Il est le plus jeune joueur à l’avoir battu.

Magnus Carlsen 0-1 Rameshbabu Praggnanandhaa, Gambit Dame, ronde 8 du tournoi préliminaire Airthings Masters, 39 coups

1. d4 Cf6 2. c4 e6 3. Cf3 d5 4. Cc3 c5 5. e3 Cc6 6. cxd5 exd5 7. Fb5 cxd4 8. exd4 Fd6 9. O-O O-O 10. h3 h6 11. Te1 Ff5 12. Ce5 Tc8 13. Ff4 Te8 14. Tc1 Db6 15. Fxc6 bxc6 16. Ca4 Da6 17. te3 Ce4 18. f3 Cg5 19. Tec3 Db7 20. Fh2 Ce6 21. Fxc6 Cf4 22. Ce5 Fxe5 23. dxe5 Cd3 24. Txc8 Txc8 25. Txc8+ Dxc8 26. Fg3 d4 27. b3 Dc6 28. Dd2 Rh7 29. Rh2 Fg6 30. Da5 Dc1 31. Dxa7 De3 32. Cc3 Cf4 33. Cd1 Dd2 34. Cf2 Ce2 35. h4 De1 36. Dd7 Cxg3 37. Dxd4 Cf1+ 38. Rh3 Ce3 39. Db2 Fc2 Les blancs abandonnent.

Le grand maître d’échecs indien, Rameshbabu Praggnanandhaa, 16 ans, fut couvert d’éloges après son éclatante victoire face au numéro un mondial Magnus Carlsen, dans un tournoi en ligne – Photo © Arun Sankar/AFP

Félicité par le Premier ministre

Aux journalistes qui recueillent ses premières réactions, le prodige – que tous ses pairs surnomment affectueusement Praggu – confie : « Battre Carlsen une fois était mon plus grand rêve. Mais là, il est 2h30 du matin, il est temps d’aller me coucher. » Il avouera par la suite que, trop excité, il n’a pas réussi à trouver le sommeil. Il a réveillé son père qui dormait dans la chambre d’à côté. Et téléphoné à son coach, Ramachandran Ramesh, aussi appelé R. B. Ramesh. Ce dernier lui avait conseillé, dix jours avant le début du tournoi, de veiller tard pour s’habituer au décalage horaire et être au top de sa vivacité intellectuelle quand il défierait l’élite des joueurs d’échecs. Ensemble, ils ont passé des après-midi entiers à élaborer différentes stratégies.

À ceux qui disent que le numéro 1 mondial ressentait encore des effets du Covid-19, ou qu’il a baissé la garde, car il ne s’attendait pas à un tel niveau de la part d’un jeune homme, l’entraîneur répond dans le quotidien The Indian Express : « C’est le bon jeu de Praggnanandhaa, qui a choisi d’attaquer et de prendre des risques, qui a poussé Carlsen à la faute. »

Au petit matin, l’adolescent a pris la mesure de son exploit, et la fierté de tout son peuple, qui croit en son incroyable potentiel et voit en lui un futur challenger pour le titre mondial. Il a fait la une des journaux. Le Premier ministre Narendra Modi l’a félicité. Ainsi que son héros, le grand Viswanathan Anand, 52 ans, cinq fois champion du monde et meilleur joueur d’échecs que l’Inde ait produit.

Inspiré par le talent de sa sœur

Sa prouesse, Praggnanandhaa l’a réalisée depuis sa chambre décorée de nombreux trophées. Il vit chez ses parents, à Padi, cité industrielle dominée par des usines tentaculaires, près de Chennai (ex-Madras), capitale du Tamil Nadu, sur la côte est de l’Inde, au bord du golfe du Bengale. Comme Magnus Carlsen qui, adolescent, était aussi un joueur de haut niveau, il tient sa passion de sa sœur. Vaishali Rameshbabu, de quatre ans son aînée, est grand maître international féminin depuis 2018, après avoir été championne du monde féminine des moins de 12 ans et des moins de 14 ans. Dire que leurs parents, Rameshbabu, un employé de banque, et Nagalakshmi, une mère au foyer, ne savent même pas jouer aux échecs !

S’ils ont inscrit leur fille dans une académie, c’était pour éviter qu’elle reste plantée devant la télévision. En voyant sa grande sœur s’amuser, Praggnanandhaa lui emboîte le pas. Personne ne l’a forcé. Il a alors 4 ans. Qui aurait pu imaginer la suite de son parcours ? Il remporte le mondial des moins de 8 ans en 2013, des moins de 10 ans en 2015, puis des moins de 18 ans en 2019.

En 2016, à 10 ans, 10 mois et 19 jours, il marque l’histoire de la discipline en devenant le maître international le plus jeune au monde. Un titre qui récompense ses performances récentes. Son père avait imaginé le retour de son fils prodige à la maison, franchissant la porte et courant vers lui pour tout lui raconter. Mais, il ne lui a offert qu’un rapide câlin avant de s’affaler sur le canapé pour regarder ses dessins animés préférés, « Chhota Bheem », « Mighty Raju » ou « Tom et Jerry ».

Il devient grand maître international à 12 ans

Car, malgré son talent, il reste un enfant qui aime pratiquer le cricket avec ses cousins ou improviser des matchs de badminton dans les chambres d’hôtel. En 2018 pourtant, âgé de seulement 12 ans, 10 mois et 14 jours, il accède au rang le plus élevé et le plus envié de grand maître international. C’est le deuxième plus jeune joueur du monde à y être parvenu. Et il a déjà visité 31 pays en moins de trois ans. Au gré des compétitions, le voici à Cannes en France, à Londres en Angleterre, à León en Espagne, à Moscou en Russie, à Batumi en Géorgie, à Ortisei en Italie…

Son ascension, il la doit à ses parents et à leur soutien. « Au départ, nous étions un peu réticents à cause de nos revenus modestes, mais il a très vite montré tellement de talent que nous ne l’avons pas bridé », déclare son père, dont la jambe gauche, paralysée par la poliomyélite, l’empêche de voyager pour voir Praggu concourir. C’est son épouse qui l’accompagne aux tournois. Lui attend avec impatience que la sonnerie de son téléphone, une célèbre chanson de dévotion tamoule, résonne.

À la maison aussi, le quotidien de Praggnanandhaa Rameshbabu est un échiquier à 64 cases. Il n’est pas rare que sa mère lui demande d’aller faire des courses à l’épicerie, au bout de la rue, et que l’adolescent fasse mine de ne rien entendre. Happé par son PC, avec un cahier et un crayon, il s’exerce en ligne à une stratégie que son entraîneur lui demande d’étudier.

Souvent, sa sœur Vaishali déplie un échiquier pour disputer une partie. Ce qui, autrefois, s’apparentait à un moment ludique devient aujourd’hui intense, aucun des deux n’ayant l’intention de laisser l’autre gagner. « Nous jouons chaque match à domicile comme si nous étions en tournoi », explique Praggnanandhaa, avant que sa sœur ne rétorque : « Quand il gagne, il dit que c’est un vrai match, mais quand il perd, il dit que c’est juste jouer ! »

« Il est toujours joyeux, prêt à apprendre »

Cela fait un moment que Vaishali ne bat plus son frère. « Il est exceptionnel dans sa capacité d’analyse, reconnaît-elle. Il peut être pressé parfois, alors que je réfléchis 100 fois avant de m’engager dans un geste. Il improvise avec brio, a une bonne intuition. »

R. B. Ramesh, son coach, grand maître international qui s’est retiré de la compétition en 2008 pour ouvrir la Chess Gurukul, une académie d’échecs, à Chennai, se souvient s’être senti démuni lors de sa première rencontre avec le surdoué. Praggnanandhaa a alors 7 ans. Le cours débute. Et le garçon lève la main : « Je veux apprendre tout ce que vous pouvez enseigner », lui dit-il. R. B. Ramesh lui montre un mouvement, mais Praggnanandhaa lui demande aussitôt le mouvement suivant, puis le coup d’après…

« Je n’avais jamais vu ça chez un enfant de cet âge, dit l’entraîneur. Aujourd’hui, il est toujours joyeux, prêt à apprendre, surtout de ses erreurs. Et il a une mémoire fantastique, qui lui permet de se souvenir de ses anciennes parties. » Autant d’atouts pour continuer à progresser. Mais, à quoi rêve-t-on quand, à 16 ans, on a déjà battu le meilleur ? « À devenir champion du monde un jour, ambitionne-t-il, mais sans me presser, et surtout sans stresser. »

L’intégralité de cet article est à retrouver sur Le Parisien Week-end

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Résolvez 3 exercices d’échecs tirés de tournois internationaux pour progresser durablement en tactique. De difficulté progressive, mat en 2 coups en vert, mat en 3 coups en orange et mat en 4 coups en rouge, nous vous conseillons de vous concentrer pendant 5 minutes maximum sur chaque diagramme ci-dessous. Si vous ne trouvez pas une solution dans le temps maximum imparti, revenez sur cet exercice plus tard dans la journée. Enfin, comparer vos solutions avec celles qui sont données en fin d’article. Une manière efficace de progresser est de chercher par soi-même avant de découvrir la solution.

Les exercices et solutions du jour

Échec et mat en 2 coups

Les Blancs jouent et matent en 2 coups

Michel Jadoul vs Gordon Plomp, Belgique, 2003

Les échecs aident à développer des compétences analytiques

A chaque partie, un joueur se retrouve face à des problèmes à résoudre et des défis à surmonter. Les échecs aident à anticiper, à ne pas se précipiter et à bien peser le pour et le contre de chaque décision. Comme dans la vie de tous les jours, où l’on essaie de prendre les meilleures décisions possibles pour obtenir des résultats positifs.

Échec et mat en 3 coups

Les Blancs jouent et matent en 3 coups

Paul Keres vs Hillar Karner, Pärnu, 1971

Les échecs apprennent à gérer la pression

C’est lors d’une partie d’échecs intense, dans laquelle on donne tout, que l’on apprend à rester calme malgré la pression. Prendre la décision critique en temps limité pour assurer la victoire nécessite une concentration totale et un calme profond, qui permet à votre cerveau de fonctionner au maximum de ses capacités. Toute notre vie, nous sommes confrontés à des dates-butoirs, à des défis difficiles, au trac des entretiens… Comme dans une partie d’échecs, il faut savoir rester confiant et calme malgré la pression pour réussir au mieux.

Échec et mat en 4 coups

Les Blancs jouent et matent en 4 coups

Thomas Casper vs Reinhard Postler, Frankfort, 1977

Les échecs favorisent la bonne santé du cerveau

Le jeu d’échecs stimule la croissance de dendrites, ces corps qui envoient des signaux aux cellules neuronales du cerveau. Avec plus de dendrites, la communication neurale dans le cerveau s’améliore et devient plus rapide. L’interaction et les activités avec d’autres personnes stimulent également la croissance de dendrites. Pratiquer régulièrement le jeu d’échecs en famille, avec des amis ou dans un club est ainsi une expérience idéale.

Les solutions des 3 exercices tactiques

Échec et mat en 2 coups : 1. Dxg6+ hxg6 2. h7#

Échec et mat en 3 coups : 1. Ce5 dxe5 2. Df6+ Te7 3. Dxe7#

Échec et mat en 4 coups : 1. Txe7 Tg6 2. Dxg6 Dxe7 3. Dh7+ Rf8 4. Dh8#

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