Aux échecs, une arbitre iranienne, non voilée, craint de retourner dans son pays

Ce qui devait être l’événement de sa carrière se transforme en cauchemar. Shohreh Bayat, 32 ans, est l’arbitre principal du championnat du monde d’échecs féminin qui oppose la championne chinoise Ju Wenjun à sa challenger russe Aleksandra Goryachkina.

Shroret Bayat, 32 ans, est l'arbitre principal du championnat du monde d'échecs féminin - Photo © AFP

L’Iranienne Shohreh Bayat, 32 ans, est l’arbitre principal du championnat du monde d’échecs féminin – Photo © AFP

L’histoire se répète : « L’Iran d’aujourd’hui, c’est l’enfer des femmes » selon le philosophe Raphaël Enthoven qui l’expliquait déjà en 2017 sur les ondes d’Europe 1 au sujet de Dorsa Derakhshani.

Shohreh Bayat craint d’être arrêtée à son retour

Une première à ce niveau de compétition, les arbitres internationaux féminins étant très rares. Shohreh Bayat est même la seule en Asie.

Mais aujourd’hui, la jeune Iranienne craint d’être arrêtée à son retour au pays pour avoir « violé » le code vestimentaire islamique en ne portant pas tous les jours le voile.

Les photos diffusées ont été très largement commentées chez elle. « J’ai allumé mon téléphone et j’ai vu que ma photo était partout dans les médias iraniens. Ils disent que je ne porte pas le voile en signe de protestation contre le hijab », a-t-elle déclaré à la BBC.

« Les gens devraient avoir le droit de s’habiller comme ils le souhaitent »

Certaines photos lors du lancement des parties du championnat du monde montrent qu'elle porte parfois un voile, mais pas systématiquement - Photo © FIDE

Certaines photos lors du lancement des parties du championnat du monde montrent qu’elle porte un voile, mais pas systématiquement – Photo © FIDE

La Fédération iranienne des échecs lui aurait demandé de poster un message d’excuse pour ne pas avoir porté le voile. Ce qu’elle a refusé.

« C’est contre mes croyances, les gens devraient avoir le droit de s’habiller comme ils le souhaitent et ne pas être forcés. Je le tolérais parce que je vis en Iran. Je n’ai pas le choix », a-t-elle expliqué depuis Vladivostok en Russie où se tient la deuxième manche du championnat du monde.

« Peut-être qu’ils vont faire un exemple de mon cas »

« Il y a beaucoup de monde en prison en Iran à cause du voile. C’est un problème très sérieux, peut-être qu’ils vont être tentés de faire un exemple avec mon cas », a-t-elle estimé en avouant être « totalement paniquée » par la situation.

Le vice-président de la Fédération internationale des échecs, l’Anglais Nigel Short a pris sa défense dans un tweet.

« Shohreh Bayat est la première femme a être secrétaire générale d’une fédération sportive en Iran. La seule femme à être arbitre international en Asie. Elle est une grande ambassadrice pour son pays », a écrit l’ancien challenger de Garry Kasparov au titre mondial en 1993, Nigel Short.

Pour en savoir plus : Le championnat du monde d’échecs

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