Education des enfants avec les échecs

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Daniel Baur, instituteur dans un village amérindien de Guyane française, fait progresser les enfants grâce aux échecs.

Daniel Baur et ses élèves ont participéen 2012 à la mission eXplore, un parcours pédagogique sur le thème de l’espace © Pellerin Magazine

Rendez-vous en terre inconnue avec cet instituteur unique de l’Oyapock, qui nous montre comment le jeu d’échecs peut contribuer à l’éducation des enfants même au fin fond d’une forêt amazonienne. Un reportage du Pèlerin Magazine sur l’approche échiquéenne en milieu scolaire.


Ameno – Vincent Niclo

Depuis 2008, le club « Cavaliers des Trois Palétuviers », a comme priorité la réussite scolaire de ses jeunes sociétaires. Cela fonctionne grâce à un enseignant impliqué: Les résultats à l’école et par la suite au collège sont éloquents à cet égard. L’axe pédagogique majeur tient en une formule claire et simple : Observer, Comprendre, Réfléchir, Jouer et Gagner.

Vous voulez jouer aux échecs ? « Oui ! » répondent en chœur les enfants qui s’abritent sous un arbre, du terrible soleil de Guyane. « Allez à l’école, je vous rejoins », lance Daniel Baur, 59 ans,instituteur au village de Trois Palétuviers,à une heure de pirogue du prochain bourg. Ses habitants appartiennent à la tribu amérindienne palikour, qui vit de part et d’autre du fleuve Oyapock, à la fois frontière avec le Brésil et axe de communication vital. Sous le préau de l’école, les enfants se concentrent sur les échiquiers. Venu de la forêt toute proche, un papillon noir vole de table en table.

Les enfants ont retenu les cinq objectifs des échecs : observer, comprendre, réfléchir, jouer et gagner.

« J’aime les échecs parce qu’on réfléchit, explique Johan, 9 ans, en CM2, qui apprend à jouer à Sloan, 5 ans, en CP. Cela m’aide pour le français et les maths. »

« Grâce à cette méthode de raisonnement, parmi d’autres, les enfants d’ici savent enfin lire en quittant le primaire. Certains poursuivent leurs études à la ville et même en métropole », se félicite Daniel Baur. Ce drôle de professeur ,élégant dans un costume aussi blanc que ses cheveux, a débuté en métropole dans le privé avant d’enfiler l’uniforme de gendarme pendant dix neuf ans. Divorcé en 2000, il change de vie et reprend ses études. Il rejoint son frère en Guyane, où il devient instituteur en 2004 chez les Palikours.

« Je ne suis pas là pour enseigner une vérité unique qui remplacerait leurs croyances et traditions, mais pour préparer l’enfant à devenir citoyen et choisir son avenir. S’il veut arrêter en cinquième et rester au village pour cultiver le manioc et chasser avec ses parents, je ne m’y oppose pas. Je leur apprends La Marseillaise, mais aussi l’Hymne à la joie de Schiller, en allemand (devenu,sur la musique de Beethoven, l’hymne européen, NDLR) et les hymnes des pays que nous visitons. »

Une fenêtre sur le monde

En effet, soucieux de leur prouver que le monde est accessible et divers, Daniel Baur emmène chaque année quelques élèves loin de leur forêt natale. Jusqu’en Australie, début 2014, comme en témoignent des boomerangs empilés sur son bureau. Une fois décorées de tortues et autres motifs amérindiens, les armes de bois seront renvoyées– quoi de plus normal pour un boomerang ? – chez leurs nouveaux amis aborigènes. En avril 2013, ce Lorrain d’origine a emmené les enfants, emmitouflés jusqu’aux oreilles, affronter à Bruxelles des responsables de la Commission européenne férus d’échecs. Sur ses propres deniers, en attendant d’éventuels mécènes. Pour 2015, il promet la Mongolie aux enfants ,à qui il a offert un stage d’équitation à Cayenne, en Guyane, cet été. Daniel Baur, qui cite Bossuet ou Goethe comme il respire, est persuadé du pouvoir des mots sur les enfants, surtout dans une culture de tradition orale. Il leur répète donc la devise de l’école, empruntée à l’écrivain américain MarkTwain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Pour en savoir plus : Le site des 3 palétuviers

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