« Je n’avais encore jamais eu l’occasion de connaître personnellement un champion du jeu d’échecs, et plus je m’efforçais de me représenter celui-ci, moins j’y parvenais. Comment se figurer un cerveau exclusivement occupé, sa vie durant, d’une surface composée de 64 cases noires et blanches ? »… Telle est la question que l’on pouvait se poser à l’instar de Stefan Zweig avant de rencontrer notre invité d’aujourd’hui, qui fut champion du monde d’échecs quinze ans durant, de 1985 à 2000. C’est peut-être aussi parce qu’il s’est livré, lui, à cette réflexion, qu’il a quitté la compétition internationale en 2005 pour s’engager en politique dans l’opposition à Vladimir Poutine et devenir l’un des chefs du mouvement L’Autre Russie.
Il publie aujourd’hui un petit recueil d’articles politiques sous le titre explicite de Poutine échec et Mat ! Kasparov était exceptionnellement à Paris cette semaine, ce qui a donné l’occasion à France Culture de faire avec lui un point sur l’opposition dans le pays, sur les relations entre les EU et la Russie au lendemain de la réélection de Barack Obama, et sur les échecs dont Zweig avait écrit dans Le joueur d’échecs que c’était « le seul entre tous les jeux qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard, le seul où l’on ne doive sa victoire qu’à son intelligence ou plutôt à une certaine forme d’intelligence ».
Son nouveau livre Frappé par une reproduction de la célèbre mosaïque de Pompéi, le petit livre rouge n’a pas que des allures de tigre en papier. Constitué de plusieurs articles de Kasparov publiés dans diverses revues, il est enrichi par un texte inédit, écrit spécialement pour Poutine échec et mat ! Alors que l’affaire des Pussy Riot provoque encore des remous, les éditions de L’Herne ont voulu miser sur des textes courts, raccords avec l’actualité. Un joli coup !
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